Coûts de l'énergie, pénurie d'acier... Les effets de la guerre en Ukraine sur le secteur du bâtiment
Le bâtiment est à son tour sous pression et doit faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine. Premier impact immédiat pour le bâtiment: l'acier. Le grillage et les tiges servent en effet au béton armé, éléments essentiels au process de construction. Or, le premier producteur pour les entreprises françaises, ce sont les industriels italiens qui se fournissent essentiellent en Russie et en Ukraine. Les commandes ont été stoppées dès le début de la guerre. Elles viennent de reprendre mais sans délais ni prix. Et il n'y a pas forcément de solution de repli dans l'immédiat. Le deuxième producteur pour les entreprises françaises du bâtiment sur ce plan est ainsi la Turquie, qui se fournit elle-même principalement en Ukraine.
Le problème est donc qu'il n'y a à ce jour aucun chemin d'approvisionnement alternatif. L'acier manque pour construire mais aussi pour travailler puisqu'il sert également à la production des engins de chantier comme les grues et les tractopelles.
Autre grande problèmatique pour le bâtiment: les coûts de l'énergie. En effet, de nombreux produits nécessitent en amont des fontes ou des "cuissons" à des températures extrêmes. Aluminium, tuiles, briques, carrelage... Les coûts sont devenus tellement élevés que certains fabricants préfèrent carrément stopper la production.
Marchés publics adossés aux coûts
Produire coûte ainsi parfois plus cher que de ne pas produire. Et cette hausse des coûts de l'énergie avait commencé avant la guerre en Ukraine. Des fabricants de carrelage en Italie et au Portugal ont ainsi déjà arrêté leur production. "Les stocks ont permi de tenir, expliquent des acteurs du secteur. Ils ont fait transitoirement tampon mais on arrive au bout de l'exercice". A la fédération du bâtiment, on craint non seulement la fermeture de ces chaînes de production mais aussi celles d'usines dans leur ensemble.
Face à toutes ces difficultés, la fédération du bâtiment dialogue activement avec Bercy. Le problème n'est pas tant les potentielles pénalités de retard que pourraient subir les entreprises, car elle peuvent invoquer un "cas de force majeur", ce sont plutôt les surcoûts. Si les entreprises finissent par trouver des biais d'approvisionnement alternatifs, les produits leur coûteront nécessairement plus cher. Or, la grande majorité des contrats signés avec les clients finaux sont à coût fixe, déterminés à l'avance. La fédération du bâtiment espère déjà pouvoir imposer pour les marchés publics que les contrats soient adossés à l'évolution de leurs coûts globaux dont ceux évidemment des matériaux. Pour rappel, les marchés publics représentent environ un quart de l'activité des entreprises du bâtiment.