Moins d'appels, visites annulées... Des signes d'attentisme sur le marché immobilier après la censure

C'est un phénomène auquel on commence à s'habituer. Lors des législatives déjà, le marché immobilier avait subi une phase d'attentisme, les acteurs ne sachant trop à quoi s'attendre. Après la censure du gouvernement, rebelote.
Selon un sondage du réseau d'agences immobilières l'Adresse révélé en exclusivité par BFM Business et réalisé à partir du 5 décembre, soit le lendemain du vote de la motion, 65,7% des agences l'Adresse disent avoir perçu un impact immédiat de la situation politique sur le comportement des clients.
Concrètement le réseau note une baisse des contacts pour de nouveaux projets - des appels comme des mails - mais aussi des décalages de projets en cours. Du côté des vendeurs, ce sont surtout ceux qui n'étaient pas pressés de céder leur bien qui reportent les estimations.
Côté acheteurs, l'impact est encore plus palpable. Projets mis en attente, visites annulées, offres finalement suspendues, signatures de compromis décalées à 2025... "On ressent chez les acheteurs beaucoup d’incertitudes, mais aussi des inquiétudes sur des hausses de taux à venir", explique le réseau dans un communiqué.
"Manque de visibilité"
Ainsi, ceux qui peuvent décaler leur projet comme les investisseurs, ou acheteurs de résidences secondaires le font à cause notamment du "manque de visibilité sur la fiscalité". Les primo-accédants temporisent aussi dans l'attente d'un éventuel élargissement du prêt à taux zéro dont il a beaucoup été question lors des discussions sur le Budget.
"Les acheteurs comme les vendeurs préfèrent attendre de voir ce qu’il va se passer", explique Brice Cardi, président du réseau l’Adresse.
Selon lui, les clients redoutent également une hausse des taux d'intérêt. Mais pour le moment, rien n'indique que ça soit le cas. Il n'y a pas eu de panique financière après la chute du gouvernement et les taux d'intérêt de la dette française ont même légèrement baissé depuis une semaine.
Côté crédit immobilier, c'est la même chose, avec des taux d'intérêt qui continuent de baisser. Sur 20 ans, ils sont descendus à environ 3,3% en moyenne, soit 1 point de moins qu'il y a un an. Ainsi, pour un crédit 300.000 euros le coût global a baissé de près de 36.000 euros, selon les simulations de Vousfinancer.
Bientôt une nouvelle baisse des taux de la BCE?
Cette baisse est bien partie pour se poursuivre, avec une réunion de la Banque Centrale Européenne prévue ce jeudi et qui devrait acter une nouvelle baisse des taux directeurs. Et si l'attentisme des acheteurs devait se poursuivre, les banques commerciales, qui font du crédit immobilier un produit d'appel, seront incitées à poursuivre ce mouvement de baisse du coût des emprunts immobiliers.
Bonne nouvelle enfin côté prix: la baisse est toujours là, même si elle ralentit. Ainsi selon les chiffres de la Fnaim les prix sont en baisse de 1,2% sur un an au 1er décembre 2024. La baisse était plus prononcée en début d'année avec -4,1% sur un an au 1er janvier 2024.
Le volume de ventes sera aussi déterminant dans l'attitude des vendeurs ...et des prix. Si le nouvel attentisme se confirme côté acheteur, les vendeurs qui commençaient doucement à remonter leur prix, pourraient finalement continuer à les baisser. L'année 2024 devrait s'achever avec moins de 800.000 transactions réalisées, soit un plus bas depuis 2015.