"Le logement fait l'objet d'un mauvais calcul de la part de Bercy": le ministre démissionnaire de la Transition écologique tacle celui de l'Economie

Bruno Le Maire à gauche et Christophe Béchu à droite, le 3 mai 2024. - Miguel MEDINA / AFP
A-t-il prêché dans le vide? Dans une interview à la Tribune, Christophe Béchu, futur ex-ministre de la Transition écologique, assure avoir envoyé une lettre à la Première ministre Elisabeth Borne le 8 février 2023.
"Je l'alertai sur la situation et j'y suggérai un certain nombre de pistes sur lequel il était souhaitable d'avancer", raconte celui qui a vu défiler trois ministres du logement: Olivier Klein, Patrice Vergriete et enfin Guillaume Kasbarian depuis janvier.
Il estime surtout ne pas avoir été entendu par le ministère des Finances et son locataire Bruno le Maire. Pour Christophe Béchu, "on se concentre sur ce que le logement coûte sans voir ce que ça rapporte".
"Le logement fait l'objet d'un mauvais calcul de la part de Bercy", assène l'élu d'Angers.
Il rappelle qu'en 2022, le secteur a rapporté 91 milliards d'euros de recettes budgétaires et coûté 41 milliards d'euros de dépenses publiques, soit un solde positif de 50 milliards d'euros.
Même s'il tacle Bercy, Christophe Béchu a défendu plusieurs mesures -critiquées- du gouvernement. Il se dit notamment "à l'aise" avec la suppression du Pinel fin 2024. Le dispositif permet aux particuliers qui investissent dans des logements neufs destinés à la location de bénéficier d'une réduction d'impôt. "Ce n'est pas ce qui vous assure que les gens se logent", assure le ministre démissionnaire.
"À chaque programme, vous avez des pétitions"
De même pour le coup de rabot d'un milliard d'euros infligé à Maprimerénov'. "On a un retard considérable dans les copropriétés, mais tant que vous ne résolvez pas ce problème d'un point de vue juridique, vous ne pouvez pas déclencher les travaux", estime-t-il. En cause, selon lui, l'article 17 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen sur la propriété qui érige la propriété en "droit inviolable et sacré".
Pour lui, la crise de la constriction est "d'abord un problème local". "Si on est honnête, les gens ne veulent plus de voisins depuis le Covid."
"À chaque programme, vous avez des pétitions et quand vous êtes maire, il vous arrive d'y être sensible", concède Christophe Béchu.
Il pointe aussi un problème de pouvoir d'achat. "Les prix de l'immobilier progressent plus vite que les salaires qui ne suivent pas. L'héritage a de même disparu (du fait du vieillissement de la population) et n'est plus un déclencheur d'achat", conclut-il. Cela participe, selon lui, "à un sentiment de déclassement".