Villeroy de Galhau: "aucune urgence" en zone euro à baisser les rachats d'actifs

Le "tapering", c'est-à-dire la baisse des rachats d'actifs n'est pas encore à l'ordre du jour dans la zone euro, affirme le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, invité ce lundi sur BFM Business.
De l'autre côté de l'Atlantique, c’est pourtant l'annonce principale du président de la réserve fédérale (Fed) Jerome Powell, lors de son discours vendredi depuis Jackson Hole. Une façon pour la banque centrale américaine d'éviter la surchauffe de l'économie alors que l'inflation est particulièrement élevée aux Etats-Unis.
"L'inflation, c'est notre boussole" reconnait d'ailleurs Villeroy de Galhau, qui tient à différencier l'économie américaine et l'économie européenne sur ce sujet. "Côté américain, le dernier chiffre sur juillet, c'est 4,2%. Et si on enlève l'inflation la plus volatile (l'énergie, l'alimentaire…), ce qu'on appelle l'inflation cœur, c’est 3,6%." Soit bien plus des 2% d'inflation, objectif traditionnel pour les banques centrales.
"Il va y avoir des poussées temporaires de l'inflation"
Côté zone euro, "c'est 2,2% en juillet sur l'ensemble de l'inflation et 0,7% pour l'inflation cœur" souligne le gouverneur de la Banque de France.
"Il va y avoir des poussées temporaires de l'inflation" tempère-t-il néanmoins. "Mais nous pensons que ce sont des poussées temporaires, associées à cette forte reprise économique et à ces difficultés d'approvisionnement, et qu'il n'y a pas, pour la zone euro, de risques de dérapage durable de l'inflation."
Pour Villeroy de Galhau, inutile donc de suivre l'exemple américain sur la baisse des rachats d'actifs. "Nous ne sommes pas dans le même tempo" insiste-t-il. "Notre programme d'achats exceptionnel face au Covid, il fonctionne au moins jusqu'en mars 2022. Donc il n'y a aucune urgence pour nous."
Du "tapering" qui ne dit pas son nom
Reste que la zone euro a un fonctionnement plus souple qui permet justement de faire du "tapering" sans le dire, et éviter ainsi d'affoler les marchés. "La réserve fédérale a des volumes fixes (de rachats mensuels, ndlr) à 120 milliards de dollars, la Banque centrale européenne a des volumes mensuels variables en fonction des conditions de financement."
En clair: "quand les conditions de financement deviennent moins favorables, nous achetons plus" explique-t-il. A l'inverse, si l'économie va mieux, la Banque centrale européenne va donc diminuer le volume de rachats.
"Pour nous ce n'est pas une question de "tapering", c'est une question de cohérence avec ce principe" assure Villeroy de Galhau.