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À quoi va servir le "Michel Rocard", ce nouveau navire dédié aux mers polaires

Un bâtiment dit "à capacité glace" est capable de naviguer dans les glaces qui encombrent les mers polaires et qui peuvent atteindre plusieurs mètres d'épaisseur.

Un bâtiment dit "à capacité glace" est capable de naviguer dans les glaces qui encombrent les mers polaires et qui peuvent atteindre plusieurs mètres d'épaisseur. - Clement Sabourin

Lors de la clôture d'un sommet sur les pôles et les glaciers, Emmanuel Macron a annoncé la construction d'un navire français "à capacité glace" dans le cadre d'un effort de recherche polaire. Ce bâtiment portera le nom de l'ex-Premier ministre Michel Rocard.

Emmanuel Macron rend un hommage inattendu, mais légitime à Michel Rocard, ex-premier ministre, mais aussi premier ambassadeur de France pour les pôles. Le président français a en effet annoncé ce vendredi, lors de la clôture d'un sommet sur les pôles et les glaciers à Paris, la construction d'un navire français à son nom.

Ce bâtiment dit "à capacité glace" sera capable de naviguer dans les glaces qui encombrent les mers polaires et qui peuvent atteindre plusieurs mètres d'épaisseur. Ce type de navire est moins coûteux qu'un brise-glace et doit permettre aux chercheurs de mener leurs études sans être dépendant d'accords de partenariat pour disposer de ce genre de bateau. Le "Michel Rocard" partagera son temps entre le Pacifique Ouest et l'Antarctique avec des bases entre Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, et Hobart, en Australie.

Rénovation de la station franco-italienne Concordia

Ce navire fait partie d'une stratégie plus large concernant les pôles. Le Président a en effet affirmé que d'ici 2030, la France investira un milliard d'euros dans la recherche polaire, sans entrer dans le détail. Cette somme financera notamment deux initiatives d'ampleur dans les deux pôles: le Polar Pod avec l'explorateur Jean-Louis Étienne dans l'océan Austral, et la Station Arctique portée par la Fondation Tara.

La France reconstruira dès 2026 sa station Dumont d'Urville sur la péninsule antarctique et s'emploiera à la rénovation de la station franco-italienne Concordia, en tenant le cap des meilleurs standards environnementaux, a encore dit le chef de l'État, ajoutant que Paris participerait en lien étroit avec ses partenaires européens à un grand projet de recherche en Antarctique Est, où les connaissances sont encore limitées.

"Effondrement" des surfaces gelées

Le rendez-vous qui s'est tenu depuis mercredi au Museum national d'Histoire naturelle dans la capitale française, dans le cadre des sommets ONE Planet déclinés par Emmanuel Macron ces dernières années, a abouti à un "appel de Paris pour les pôles et les glaciers" qui, selon le président français, réunit déjà "une trentaine d'États signataires".

Parmi eux, plusieurs pays européens mais aussi l'Inde, Singapour, la Corée du Sud… Ou encore Tuvalu et l'Australie, qui vient d'offrir l'asile climatique aux 11.000 citoyens de ce petit ensemble d'îles du Pacifique grignoté par la montée des eaux et menacé de disparition.

Face à "l'effondrement" des surfaces gelées de la planète, un défit "inédit" et "civilisationnel" pour l'humanité, Emmanuel Macron a plaidé pour "un niveau de coopération inédit" malgré le "regain des tensions géopolitiques".

La guerre en Ukraine "vient fragiliser la coopération avec de grandes puissances géopolitiques et scientifiques", a-t-il relevé, dans une allusion à la Russie.

"Malgré toutes ces tensions, il est clair que nous devons agir, faire des pôles et glaciers des espace privilégiés de paix, de coopération scientifique et environnementale", a plaidé le président français.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama avec AFP Journaliste BFM Éco