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Retraites: comment fonctionne le régime par répartition

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Depuis son instauration il y a plus de 80 ans, le système de retraite par répartion fonctionne selon un principe de solidarité intergénérationnelle: les cotisations des actifs financent les pensions des retraités actuels.

"Nous devons faire cette réforme". Interrogé sur TF1 début décembre, Emmanuel Macron confirmait sa volonté de faire travailler les Français "plus longtemps" en reportant l’âge légal de départ à la retraite. "Le seul levier" selon lui pour faire face aux "besoins de financement massifs" qui mettent "le système par répartition en danger".

Pas de quoi convaincre les Français qui sont 85% à se prononcer contre tout report de l’âge légal, selon le Baromètre de l'économie réalisé par Odoxa et l'Agipi pour Challenges et BFM Business. Une opposition qui s'explique davantage par la méfiance à l’égard de l’argument financier développé par le gouvernement que par manque d’intérêt pour le système par répartition.

Au contraire, plus de six Français sur 10 (63%) se disent attachés à ce système, selon une enquête réalisée en 2021 par la Caisse des dépôts, même si seuls 57% estiment avoir une bonne connaissance de son fonctionnement.

Solidarité intergénérationnelle

Les prémices de la retraite par répartition en France remontent à 1941, lorsque que le gouvernement de Vichy, par l’intermédiaire du ministre du Travail René Belin, ancien dirigeant de la CGT, décide de financer les pensions des retraités grâce aux fonds de retraite capitalisés depuis 1930. Après la guerre, le principe du régime de retraite par répartition sera repris et définitivement adopté en France en 1946, dans le cadre de la création de la Sécurité sociale.

Le fonctionnement global du système n'a pas bougé depuis. Aujourd’hui, les retraites de base et complémentaires constituent les deux régimes de retraites obligatoires qui fonctionnent toujours par répartition, selon un principe de solidarité intergénérationnelle entre actifs et retraités et un principe de solidarité fondé sur des critères socioprofessionnels. D’où l’existence de plusieurs régimes (général, spéciaux, indépendants, etc.).

Autrement dit, ce modèle prévoit que ce sont les cotisations versées par les actifs au titre de l’assurance vieillesse qui financent immédiatement les pensions des retraités. Ce principe implique que l’évolution démographique joue un rôle central dans le financement du système. Et c’est bien ce qui risque de poser problème à l’avenir puisque le ratio cotisants/retraités devrait continuer d’évoluer défavorablement avec 1,2 cotisant pour un retraité en 2070, contre 1,7 en 2020 et 2,1 au début des années 2000.

La capitalisation, un modèle abandonné depuis longtemps en France

Même si le régime par répartition obéit au principe de contributivité (la pension d’un retraité est calculée en fonction de ce qu’il a cotisé au cours de sa vie active), cette dégradation du ratio cotisants/retraités est l’un des principaux arguments avancés par les partisans du report de l’âge légal pour justifier le besoin de financement du système.

Certains libéraux considèrent qu’un relèvement de l’âge légal ne suffira même pas à combler les futurs déficits et plaident pour introduire une dose de capitalisation. Contrairement au régime par répartition, le régime par capitalisation prévoit que les actifs d’aujourd’hui épargnent pour financer leur retraite. Leurs cotisations font ainsi l’objet de placements financiers ou immobiliers dont le rendement dépend avant tout de l’évolution des taux d’intérêt. En France, le premier régime de retraite obligatoire pour les salariés a été crée en 1930 selon une logique de capitalisation. Il a couvert jusqu’à 15 millions de personnes.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco