"Quand on investit 1 euro dans la défense, c’est 2 euros de PIB": comment investir intelligemment dans l'armement pour avoir de très bons rendements

À l'heure du réarmement en Europe, la défense est scrutée par les investisseurs Français. Depuis 2021 et notamment le début de la guerre en Ukraine en 2022, les dépenses de défense des Etats européens ont augmenté de 30%, atteignant 326 milliards d'euros en 2024, soit environ 1,9 % du PIB de l'UE.
De plus en plus d'entreprises créent et fournissent du matériel de guerre aux Etats, cherchant des sources de financement. C'est dans ce contexte que certains investisseurs interviennent. La France entend d'ailleurs tirer son épingle du jeu, en tant que deuxième pays exportateur d'armes dans le monde après les Etats-Unis.
Investir dans le domaine de la défense présente certains avantages. C'est une industrie "de long terme, structurellement résiliente avec beaucoup de visibilité", explique Virginie Robert, présidente de Constance Associés, dans l'émission "C'est votre argent".
La défense "se diffuse dans l’économie réelle. Quand on investit dans la défense, c’est sur 10 à 15 ans. Quand on investit 1 euro dans la défense, c’est 2 euros de PIB", ajoute Christopher Dembik, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.
"Beaucoup monté en bourse"
Aujourd'hui, il existe plusieurs moyens d'investir dans la défense. Tout d'abord, les investisseurs peuvent directement miser sur des sociétées cotées en bourse, à l'instar de la pépite française Exail Technologies ou encore du mastodonte Thales (à ce sujet, voir notre article sur les recommandations des experts de "C'est votre argent).
"Ce secteur est déjà beaucoup monté en bourse, mais il faut comprendre que le monde entier est en train de se réarmer", explique Pierre Chang, gérant de portefeuille à la Financière de l’Echiquier.
Il est aussi d'investir via des fonds de capital (private equity) ou de dette. En 2023, Weinberg Capital Partners (WCP) a lancé le fonds Eiréné (du nom de la déesse de la paix), qui permet de financer des PME et ETI spécialisées dans ce domaine. Le fonds s'adresse aux institutionnels publics et privés ainsi qu'aux familiy office.
"On cherche à élargir notre base d’investisseurs, notamment des particuliers", indique Lionel Mestre, associé, directeur général du fonds Eiréné de WCP.
De leur coté, les fonds de dette prêtent de l'argent aux entreprises comme le font les banques. "Notre fonds s’adresse à des institutionnels, mais nous travaillons pour lancer une version éligible dans des contrats d’assurance-vie", explique Laurent Dubois, directeur général, dette privée chez Sienna IM.
Espérances de rendement
Ici, les promesses de rendements varient, allant de 5 à 6% par an pour Sienna IM jusqu’à 20% net chez WCP. "Nous avons un rendement équivalent à celui recherché dans les fonds de LBO classiques. La croissance à venir et les cash flow dégagées par ces sociétés nous autorisent à penser à des espérances de rendements importantes", précise Lionel Mestre.
Enfin, Bpifrance a annoncé le lancement de son fonds "Bpifrance Défense" de 450 millions d'euros. Ce fonds de fonds, qui sera lancé d'ici quelques mois, permettra aux Français d'investir au moins 500 euros dans le secteur de la défense via des contrats d'assurance-vie. C'est la quatrième fois que Bpifrance lance un fonds à destination du grand public, cette fois-ci avec un ticket d'entrée plus bas.
"Je pense que ce fonds va marcher. Le montant n'est pas très impressionnant quand on sait que l’assurance-vie représente 2.000 milliards d’euros, mais c’est ambitieux de la part de Bpifrance quand on sait qu'elle n'avait collecté que 250 millions d'euros avec les 3 premiers fonds lancés. Ils essaient de faire deux fois mieux avec seulement ce fonds-là", précise Maxime Chipoy, directeur du site MoneyVox.
Malgré ces différents moyens d'investir, de nombreux investisseurs continuent de bouder ce domaine pour des raisons ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance). "Il y a des questions éthiques: est-ce qu’il y a corruption ou non? Je respecte que certains disent qu’ils ne veulent pas participer à ce domaine parce que l’objectif ne convient pas. Mais on ne peut pas dire que les sociétés ne peuvent pas être ESG", pointe Virigine Robert.