Taxe Zucman sur les ultra-riches: le gouverneur de la Banque de France est très sceptique et met en garde contre "ce qui pourrait être une illusion fiscale"

Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau participe à la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos, le 23 mai 2022. - Fabrice COFFRINI / AFP
Soutenue par la gauche et des économistes reconnus, l'instauration de la taxe "Zucman", impôt plancher sur le patrimoine des "ultra-riches", arrive au Sénat où son adoption apparaît peu probable compte tenu de la composition de la Haute assemblée dominée par la droite. Interrogé ce jeudi sur cette mesure, François Villeroy de Galhau s'est lui aussi montré sceptique:
"À titre personnel, je suis très sensible à la justice fiscale mais je suis un peu prudent sur ce qui pourrait être une illustion fiscale", a déclaré le gouverneur de la Banque de France sur France info.
La taxe Zucman prévoit l'application d'une "contribution différentielle" visant les patrimoines de plus 100 millions d'euros. L'objectif: s'assurer que ces contribuables "ultra-riches" payent bien au moins 2% de leur fortune en impôt. Ce qui pourrait rapporter d'après l'économiste Gabriel Zucman environ 20 milliards d'euros par an.
Un rendement qui paraît excessif aux yeux de François Villeroy de Galhau: "C'est beaucoup plus que ce que n'a jamais rapporté l'ISF qui était autour de 5 milliards", a-t-il dit, tout en admettant que l'écart peut s'expliquer en partie par le fait que la taxe Zucman "frapperait aussi les biens professionnels, c'est-à-dire les entreprises françaises, leurs créateurs, leurs propriétaires".
"La priorité, c'est l'effort sur les dépenses"
Mais taxer "les créateurs ou les actionnaires des plus belles entreprises françaises aurait des conséquences économiques", a mis en garde le gouvernemeur de la Banque de France. D'autant que "cette taxe n'existe pas dans d'autres pays". Il a par ailleurs rappelé que "le gouvernement a annoncé lui-même depuis janvier réfléchir à une taxe anti-optimisation sur les hauts patrimoine" et c'est donc "à lui de préciser ses projets dans les semaines qui viennent".
Pour François Villeroy de Galhau, "la priorité" pour redresser les comptes publics "c'est d'abord l'effort sur les dépenses" parce que "la France a déjà plus d'impôts que ses voisins".
"Et la France a encore plus d'écarts de dépense par rapport à nos voisins donc c'est d'abord de ce côté-là qu'il faut qu'on regarde et c'est aussi de ce côté-là que l'effort doit concerner tout le monde", à commencer "par les plus favorisés", a-t-il conclu.