BFM Patrimoine
Fiscalité

Impôts: deux tiers des Français estiment qu'ils n'en ont pas pour leur argent

placeholder video
Selon le baromètre Odoxa pour BFM Business et Capital, une écrasante majorité de Français s'attendent à une hausse d'impôts dans les prochaines années.

Le consentement à l'impôt se dégrade encore en France. Selon le baromètre Odoxa pour BFM Business et Capital publié à l'occasion de l'ouverture de la campagne 2025 de la déclaration de revenus, 65% des Français estiment que le montant des impôts qu'ils paient n'est pas justifié "au regard de la qualité des services publics et du système de protection sociale".

Ils sont autant à comprendre en théorie pourquoi ils paient des impôts mais seule une petite majorité (56%) dit comprendre à quoi ils servent exactement.

56% des Français savent à quoi servent les impôts
56% des Français savent à quoi servent les impôts © BFM Business

Par ailleurs, plus de huit sondés sur dix (84%) ont le sentiment que les impôts ont augmenté en France depuis deux ou trois ans et près de la moitié (45%) juge même qu'ils ont fortement augmenté. Et le pire serait à venir selon eux alors que 92% ancitipent une hausse de la fiscalité dans les prochaines années.

Pour Gaël Sliman, président et co-fondateur d'Odoxa, cette crainte s'explique par les récentes annonces du gouvernement: "Les gens ont entendu qu'il était question de dépenser plus dans la défense mais qu'en même temps, il faudra faire des économies. Comment traduisent-ils cela? En se disant que cela aura des conséquences sur les impôts".

92% des Français pensent que les impôts vont augmenter dans les années qui viennent
92% des Français pensent que les impôts vont augmenter dans les années qui viennent © BFM Business

Si le gouvernement décidait de renforcer la pression fiscale en 2026, 39% des Français préféreraient une solution visant à taxer l'épargne et plus précisément les intérêts de certains placements. Ils sont 30% à préférer une augmentation de l'impôt sur le revenu et 28% une hausse de la TVA.

Dans le détail, on constate logiquement que les non-épargnants qui ne parviennent pas à mettre de l'argent de côté chaque mois sont plus nombreux à privilégier une taxation de l'épargne (47%) plutôt qu'une hausse de l'impôt sur le revenu (28%) ou de la TVA (22%). À l'inverse les plus gros épargnants préfèrent que le gouvernement relève la TVA (41%) plutôt qu'il touche à leur épargne (33%).

Les Français partagés sur la manière d'augmenter les impôts
Les Français partagés sur la manière d'augmenter les impôts © BFM Business

Inquiétudes pour le rendement de l'épargne

Dans un contexte international anxiogène, les Français sont toujours plus nombreux à épargner. 77% d'entre eux disent avoir épargné au premier trimestre, soit 6 points de plus qu'il y a un an. Un niveau jamais vu depuis 2019. Pour rappel, le taux d'épargne est aujourd'hui proche de 18% en France, contre à peine plus de 15% avant la crise du Covid-19.

Non seulement les Français sont de plus en plus nombreux à épargner, mais ils épargnent aussi beaucoup. Un tiers d'entre eux déclare épargner plus de 200 euros par mois, dont 14% plus de 500 euros. Ils sont également 30% à mettre entre 51 et 200 euros de côté chaque mois.

62% des Français inquiets pour le rendement de leur épargne
62% des Français inquiets pour le rendement de leur épargne © BFM Business

Problème: les épargnants doutent de plus en plus des rendements leurs placements. Si les livrets type Livret A ou LDDS restent privilégiés, ils sont de moins en moins nombreux à se tourner vers ces placements de moins en moins attractifs. 42% continuent ainsi de mettre l'argent sur les livrets (-4 points depuis mai 2023) et 19% sur l'assurance-vie. Ils sont en outre 5% à privilégier des placements en Bourse. Une proportion en baisse d'un point depuis février, sans doute en lien avec la dégringolade des marchés observée cette semaine après le déclenchement de la guerre commerciale par Donald Trump.

Même s'ils épargnent beaucoup, plus de six Français sur dix (62%) ne sont "pas confiants" sur le rendement de leur épargne. 69% pensent notamment que le taux du Livret A va encore baisser pour s'établir à 1,75% contre 3% en 2024 et 81% estiment que l'État devrait intervenir pour l'empêcher.

De manière générale, "on est en train de battre des records à la fois d’épargne, avec des gens qui comptent épargner davantage et des gens qui nous disent le rendement est catastrophique. (…) Et ils sont convaincus que les choses vont se dégrader encore à l’avenir", résume Gaël Sliman.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco