Les faux timbres représentent 8% des saisies de produits contrefaits en France

Si les Français envoient de moins en moins de lettres, l'augmentation du prix du timbre donne des idées aux mafias. Les saisies de contrefaçons sont de plus en plus nombreuses.

Fin 2015, plus de 80.000 timbres postaux de contrefaçons sont saisis par les douaniers de Lyon pour une valeur marchande de 62.000 euros. Fin 2019, les douaniers de l'aéroport de Roissy saisissent 324.000 timbres de contrefaçon en provenance de Chine et de Hong-Kong pour une valeur de plus de 300.000 euros. Et en février dernier, encore à Roissy, ce sont 72.000 faux timbres français qui sont interceptés. Dans la très grande majorité des cas, il s'agit du timbre rouge, celui qui permet un envoi rapide.

Ce sont quelques exemples parmi tant d'autres d'une tendance qui prend de l'ampleur, celle d'une contrefaçon d'origine chinoise ou asiatique. Selon le Canard Enchaîné, les timbres prioritaires représentent pas moins de 8% des saisies de produits contrefaits... Soit un volume considérable.

Pourquoi cet engouement? Si les volumes d'envois de lettres baissent d'année en année (rien que 2 milliards de lettres en moins en 2020), le prix du timbre lui augmente, également d'année en année.

Triades chinoises

Et pour les contrefacteurs, ce marché est juteux car imprimer des vrai-faux timbres n'est pas bien compliqué, et le risque est bien moindre que pour la fausse monnaie par exemple.

"C'est indétectable, ça leur coûte quasiment rien (...) et vous n'encourez pas 30 ans de réclusion criminelle. (...) Les triades ont vite repéré ce juteux business avec un réseau de distribution à portée de main (...) la moitié des bars-tabacs étant gérée par la communauté asiatique", souffle un policier spécialiste du crime organisé en Asie au palmipède.

Et si le volume de lettres envoyées recule clairement, il y a encore eu 9 milliards de lettres envoyées l'an passé. Interrogé par le Canard, La Poste juge pourtant l'impact de cette contrefaçon "marginal"...

Un des moyens de la contrer sera peut-être d'arrêter la vente du timbre rouge, un scénario clairement envisagé par La Poste.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business