Les activistes actionnariaux à l’assaut de l’Europe

Image d'illustration - Une assemblée générale des actionnaires, ici chez Elior. - Lionel Bonaventure - AFP
Ce n’est pas en temps de crise que les activistes vont se taire et laisser faire. Ces actionnaires, qui ont tendance à déranger les entreprises dans leur stratégie officielle en demandant des changements importants, ont lancé, pour les trois premiers mois de l’année, 69 nouvelles campagnes. C’est un niveau élevé et dans ces nouvelles campagnes, les entreprises américaines ont été délaissées.
La tendance est plutôt à faire bouger les choses dans les entreprises européennes. Et alors que les fonds activistes peuvent rester de longues années silencieux, le moment semble, dans beaucoup d’entreprises, opportun pour sortir du bois. 21 nouvelles campagnes ont été déclenchées rien qu’en Europe, soit le trimestre le plus actif jamais enregistré, selon la dernière étude trimestrielle de Lazard.
De nombreux groupes familiaux en Europe
En temps de contexte économique difficile, les investisseurs sont à la recherche de business qui font vraiment du sens, et encouragent les entreprises à se concentrer sur leur cœur d’activité. "On assiste à davantage d’activisme en Europe cette année, car l’environnement est comparativement plus favorable pour investir, dans la mesure où il y a davantage de points d’entrée pour des activistes, et notamment des conglomérats, avec des problématiques de portefeuille d’activités que des activistes pourraient critiquer", explique Christopher Couvelier, managing director en charge de l’activité de conseil aux actionnaires.
L’Europe se distingue également par le nombre de groupes familiaux présents sur le continent. Du pain béni pour les activistes qui demandent, dans la majorité des cas, des revues de portefeuilles et des cessions d’actifs afin de clarifier les activités de l’entreprise et de profiter de meilleures valorisations.
Une stratégie de chasse en meute
La nouveauté est la stratégie de chasse en meute des fonds activistes. "Ils sont parfois trois, quatre activistes à être présents au capital d’une entreprise. Et même en ne possédant pas de grosses participations, ils peuvent réussir à rallier d’autres actionnaires", continue l’analyste.
L’un des meilleurs exemples actuellement en cours est la campagne lancée sur Bayer. Conglomérat allemand regroupant des activités de santé et d’agroalimentaire, les fonds Bluebell et Inclusive Capital, entrés en début d’année au capital, militent pour une scission des deux activités. Ils sont rejoints par Elliott Management, qui est lui présent depuis plusieurs années. Par la scission des activités, les activistes espèrent que l’entreprise puisse être valorisée à sa juste valeur et in fine, voir leur investissement prospérer.
Depuis le début du resserrement monétaire aux Etats-Unis et en Europe, les taux d’intérêt ont fait chuter les valorisations d’entreprises, surtout dans le secteur de la tech. Certaines entreprises sont plus vulnérables et les activistes y voient là des opportunités pour développer leurs attaques et demander des changements. Si la France est, en ce début d’année, plutôt épargnée, c’est que les campagnes lancées l’an passé n’ont pas encore abouti; mais il est probable que ce ne soit qu’un répit de courte durée, selon les auteurs de l’étude Lazard.