La France fait-elle trop de stock de vaccins?

Des seringues mises à disposition de bénévoles, lors d'une journée de formation à la vaccination à Londres, le 30 janvier 2021 - JUSTIN TALLIS © 2019 AFP
La France serait-elle fourmi avec ses doses de vaccins? Alors que le pays a accentué ces dernières semaines sa campagne de vaccination avec plusieurs centaines de milliers de doses injectées par semaine, il semblerait que la Direction générale de la Santé gère son stock avec une grande frilosité.
A date, ce sont en effet 1,48 million de doses qui ont été administrées selon les données du ministère de la Santé reprises par le site CovidTracker. Or le stock de doses reçues au 26 janvier était officiellement de 2,65 millions de doses. Ce qui représente un total de 55% des doses utilisées.
Conserver des doses sous le coude est logique. Les vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna réclament deux injections séparées chacune de 21 ou 28 jours selon le laboratoire. Et à la différence du Royaume-Uni qui a pris la décision d'augmenter le délai, la France veut respecter le calendrier vaccinal. Utiliser tout le stock actuel risquerait de rendre impossible l'administration de la seconde dose en cas de retard de livraison. Pour rappel, cette semaine la France doit administrer 342.000 secondes doses, soit le nombre de premières dose administrées la semaine du 11 janvier il y a 21 jours.
Près de 7 millions de doses disponibles en février
Cela étant dit, le pays dispose aujourd'hui d'un stock d'environ 1,2 million de doses alors que les laboratoires continuent de livrer des doses. Moderna qui a revu ses livraisons à la baisse (150.000 de moins que prévu) devrait tout de même livrer aux alentours de 450.000 doses en février.
De son côté, Pfizer qui après avoir réduit son nombre de livraisons la semaine dernière (380.000 au lieu de 520.000) a annoncé ce lundi que son site de production en Belgique était maintenant opérationnel et qu'il pourrait reprendre son rythme de croisière. Le laboratoire devrait livrer plus de 570.000 doses cette semaine et un total de 2,5 millions de doses sur le mois de février.
De son côté AstraZeneca qui avait prévu de ne livrer que 31 millions de doses en Europe au premier trimestre a revu ses objectifs à la hausse et livrera finalement 40 millions de doses. La France qui a droit à 15% du lot aura droit à 6 millions de doses d'ici la fin mars. Les premières livraisons auront lieu cette semaine. Au total, le pays devrait être livré à hauteur de 2,5 à 3 millions de doses d'ici fin février.
Donc si on fait l'addition des doses stockées (1,2 million), des livraisons Pfizer (2,5 millions), Moderna (450.000) et AstraZeneca (2,5 à 3 millions), on arrive à un total de 6,6 à 7,1 millions de doses de vaccins.
Or le ministère de la Santé ne prévoit qu'un million de primo-vaccinés en février et 1,4 million de secondes injections, soit un total de 2,4 millions d'injections sur le mois. Ce qui représente à peine 36% des stocks que le pays devrait recevoir en février.
Au niveau local, il est d'ailleurs très difficile de prendre rendez-vous dans un centre de vaccination et de nombreux rendez-vous prévus sont même annulés. Un nouveau coup de frein dans la campagne de vaccination qui crée de l'agacement et de l'incompréhension. Après être montée en puissance à partir de la mi-janvier, la campagne a marqué un palier la semaine dernière. Et les objectifs actuels du ministère de la Santé ne laissent pas présager un redécollage rapide.
Joint par BFM, la Direction générale de la Santé n'a pas apporté de commentaire.
