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Le chancelier allemand a-t-il fait marche arrière? Berlin ne s'engage pas à livrer à l'Ukraine des missiles pouvant frapper à 500 km

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à droite) accueille le chancelier allemand Friedrich Merz avant un rassemblement de dirigeants européens à Kiev, le 10 mai 2025

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à droite) accueille le chancelier allemand Friedrich Merz avant un rassemblement de dirigeants européens à Kiev, le 10 mai 2025 - Genya SAVILOV

L’Ukraine se dit prête à des pourparlers avec la Russie lundi, sous conditions. Au même moment, le chancelier allemand veut accentuer la "pression sur Vladimir Poutine" mais n'a pas promis à Volodymyr Zelensky de lui livrer les missiles Taurus qu'il réclame.

Augmenter la pression sur Vladimir Poutine. C'est la volonté affichée ce mercredi par Friedrich Merz. Et cela passe, pour lui, par un soutien accru à l’Ukraine. Sur ce plan, le chancelier allemand se démarque encore un peu plus de son prédécesseur. Notamment avec cette annonce faite à l’issue de sa rencontre avec Volodymyr Zelensky hier: l'Allemagne s’engage à aider Kiev à produire sur son sol des missiles sans restriction de portée.

"Cela permettra à l'Ukraine de se défendre pleinement, même contre des cibles militaires situées hors de son territoire. Cela marque le début d'une nouvelle forme de coopération militaro-industrielle entre nos pays, une coopération au fort potentiel", a déclaré Friedrich Merz.

Cette coopération pourrait aussi avoir lieu en Allemagne, précise-t-il, sans donner plus de détails.

Pas de feu vert pour les Taurus

En revanche, Volodymyr Zelensky n'est pas reparti avec une promesse de livraison de missiles Taurus. C’est pourtant ce que le président ukrainien réclame depuis des mois si ce n’est des années. Ces missiles allemands peuvent frapper à plus de 500 km de distance, ce qui permettrait à Kiev de toucher le territoire russe en profondeur.

Olaf Scholz s’est toujours opposé à leur livraison, craignant de faire de son pays une partie prenante de la guerre. Lorsqu'il était dans l'opposition, Friedrich Merz lui reprochait son hésitation. Et aujourd’hui c’est lui qui peine à franchir le pas.

Lundi, il a créé la confusion en annonçant que les principaux alliés occidentaux de Kiev, dont Berlin, ne fixaient plus de restrictions à la portée des armes fournies. Certains en ont tiré la conclusion que le feu vert était donné à la livraison des missiles Taurus. Pourtant le chancelier s’est bien gardé de prononcer le mot.

La situation a provoqué le mécontentement dans ses propres rangs. Un parlementaire de la CDU, déplore des "déclarations contradictoires" alors même qu’il n’y aurait aucune "unité au sein de la coalition" sur le sujet.

Fermeté affichée

Cela n’empêche pas le chancelier de se montrer ferme face au Kremlin.

"Nous continuerons à augmenter la pression sur la Russie", a-t-il déclaré aux côtés de Volodymyr Zelensky.

Outre 5 milliards d’euros d’aide supplémentaire annoncés, le chancelier s’oppose à la remise en service du gazoduc Nord Stream 2. "Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour l’empêcher", dit-il alors que l’hypothèse est de nouveau évoquée pour approvisionner l'Europe en gaz russe

Dimanche, le chef du gouvernement de Saxe, un ténor conservateur, affirmait qu'une relance du gazoduc constituerait "une ouverture possible pour un dialogue avec la Russie".

Hors de question donc pour Merz qui accuse Poutine de jouer la montre s’agissant des négociations. Le chef du Kremlin est toujours aussi inflexible, ne lâchant aucun de ses objectifs. La frustration de Trump et des européens n’y change rien. Il y a pourtant urgence à obtenir des résultats. Kiev redoute une offensive russe d’ampleur d’ici l’été.

Caroline Loyer