"Je suis très en colère, il me manipule": pourquoi Trump et son administration ont désormais Poutine dans le collimateur

Vladimir Poutine lors d'une allocution télévisée le 11 mai 2025. - Gavriil GRIGOROV / POOL / AFP
"Nous pensons qu'ils en demandent trop". Déclaration de J.D. Vance, la semaine dernière lors d’une réunion de diplomates à Washington. Les participants ont été surpris. Pourquoi? Parce que le vice-président américain ne parlait non pas des Ukrainiens mais bien des Russes.
Un commentaire d’autant plus étonnant que J.D. Vance s’était fait remarquer pour son agressivité envers Volodymyr Zelensky lors de sa prise à partie en février dans le Bureau ovale.
On observe en coulisse, ces dernières semaines, un changement global du positionnement de l'administration Trump sur le conflit. Elle est de plus en plus frustrée par le comportement de Vladimir Poutine.
"Les Américains avaient cette idée simpliste: charmons la Russie, mettons la pression sur Zelensky et nous obtiendrons un accord", affirme Wolfgang Ischinger, ancien ambassadeur d'Allemagne aux États-Unis.
Inflexible
Poutine ne cède sur rien. Pourtant les Etats-Unis lui ont offert des concessions majeures. Dans leur dernière proposition pour mettre fin à la guerre, ils se disaient prêts à reconnaître la souveraineté russe sur la Crimée. Ce qui ne passe pas auprès de Kiev et des Européens.
L’exaspération de Trump transpire. "Je suis très en colère", Poutine "me manipule" disait-il en avril dans une interview à la chaîne américaine NBC News.
Pour Bill Taylor, ex-ambassadeur des États-Unis en Ukraine.
"Trump est en train de comprendre que Poutine n'est pas digne de confiance et qu'il ne négocie pas sérieusement.”
"Trump réalise qu'il a trop cédé et sans rien obtenir en retour", lance un autre diplomate.
Et la frustration du président américain pourrait atteindre un nouveau pic avec le refus de Vladimir Poutine de se rendre à Istanbul. On attend sa réaction.
Partenaire coopératif
Ce qui est sûr, c’est qu’il devient de plus en plus difficile pour Washington de blâmer Kiev. Zelensky fait absolument tout pour se présenter comme un partenaire des plus coopératifs. La relation s’est considérablement améliorée.
Il a d’abord accepté la première demande américaine de cessez-le-feu, puis dit « oui » à des discussions directes avec l’ennemi. Sans parler de l’accord finalement conclu sur les minerais, qui a ravi l’administration américaine.
Mais Trump est-il cependant prêt à punir la Russie, à mettre ses menaces à exécution en durcissant les sanctions? Pour Eric Green, ex-assistant de Joe Biden au Conseil de sécurité nationale, rien n’est moins sûr.
"Si Trump voit clairement que Poutine ne joue pas le jeu, il n’exercera pour autant une pression significative sur lui", dit—il.
Selon plusieurs experts, la stratégie du Kremlin est simple. Jouer la montre, faire traîner les choses, en espérant que le temps joue en sa faveur.
Pour Michael McFaul, ancien ambassadeur des États-Unis à Moscou, la Russie "espère que Trump se désintéresse de la question ukrainienne" et se retire tout simplement des négociations.