Bouclier énergétique: Berlin veut agir vite pour sauver son économie

Le chancelier allemand Olaf Scholz s'apprête à faire une déclaration sur l'Ukraine au siège de la chancellerie, à Berlin, le 3 avril 2022 - HANNIBAL HANSCHKE © 2019 AFP
L'Allemagne veut accélérer. Le gouvernement d'Olaf Scholz pourrait présenter dès lundi, en conseil des ministres, le texte de loi mettant à disposition d'un fonds spécial les 200 milliards d'autorisation de crédits supplémentaires, ont indiqué vendredi des sources proches du gouvernement. Cette enveloppe de 200 milliards d'euros permettra de subventionner les prix de l'énergie qui menacent le pouvoir d'achat des ménages, l'activité des entreprises, et de soutenir les énergéticiens les plus dépendants du gaz russe.
Dans le projet de texte consulté vendredi par l'AFP, le gouvernement d'Olaf Scholz souligne l'urgence "d'atténuer les dommages économiques graves" qui frappent la première économie européenne en raison de l'envolée des prix de l'énergie.
"Sans nouvelles mesures étatiques pour atténuer cette crise, il faudrait s'attendre, en cas de répercussion des prix de gros de l'électricité et du gaz, à des arrêts de production pour les entreprises à forte consommation d'énergie", argumente le gouvernement.
Une "spirale descendante pour l'économie allemande"
L'enjeu est d'empêcher une "spirale descendante pour l'économie allemande", "des ruptures structurelles économiques, des pertes technologiques et des difficultés sociales", ajoute le texte. Aux préoccupations du gouvernement font écho les cris d'alarmes des responsables économiques.
"Nous sommes menacés d'une perte de prospérité d'une ampleur jusqu'ici inimaginable", a averti Peter Adrian, président de l'organisation des chambres de commerce et de l'industrie (DIHK) dans une interview vendredi au quotitidien Rheinische Post. Les prix du gaz en Allemagne sont environ dix fois plus élevés qu'aux Etats-Unis, a-t-il souligné, et les témoignages des entreprises allemandes sur les effets de cette flambée "sont effrayants".
"Si nous ne gérons pas cela à court terme, nous devrons dire adieu à de nombreuses entreprises et à leurs emplois avant la fin de l'hiver", a prévenu Peter Adrian.
Une récession jugée inévitable
L'entrée en récession du pays cet hiver est jugée inévitable par les experts qui s'inquiètent des risques, à moyen terme, de désindustrialisation du pays. Outre la loi permettant de débloquer le financement du plan de soutien, le gouvernement Scholz attend en début de semaine les propositions de la commission d'experts chargée de donner forme au dispositif subventionnant les prix de l'énergie. Les aides doivent notamment être limitées à un certain volume de consommation pour les particuliers et les entreprises, au-delà duquel le prix du marché sera de nouveau pleinement appliqué.
Plusieurs responsables de l'Union européenne se sont dits préoccupés par l'initiative de l'Allemagne, accusée de faire cavalier seul et d'accentuer les distorsions de concurrence entre les pays.