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Inflation: pourquoi les distributeurs ne baissent pas les prix de leurs propres produits

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Alors qu'ils réclament des baisses de prix de la part de leurs fournisseurs, les distributeurs seraient moins prompts depuis quelques semaines à baisser les prix des produits MDD.

Faites ce que je dis, pas ce que je fais. La grande distribution jouerait-elle un double jeu en ce qui concerne la baisse des prix ? Alors que les patrons des grandes enseignes réclament à cor et à cri depuis des mois que les industriels renégocient leurs tarifs à la baisse, eux-mêmes ne semblent pas pressés de sabrer dans les prix de leurs marques de distributeurs (MDD).

Si l'inflation de ces produits sur un an a bel et bien ralenti selon Circana avec une hausse 16,7% en juin après un record de 19,6% en mars, certains indicateurs semblent montrer que, depuis, les distributeurs ont mis le holà.

Dans notre panier des BFM, dont le prix a augmenté cette semaine, ce sont quasiment tous les produits en MDD qui enflent. D'un petit centime ou deux comme par exemple sur la baguette de pain, les pommes ou les frites en sachet mais parfois d'un peu plus comme sur les pâtes avec un paquet de 1kg de torti dont le prix passe de 1,59 à 1,67 euro cette semaine.

Même constat du côté de l'indicateur des 100 produits alimentaires MDD d'Olivier Dauvers et A3 Distrib. L'expert de la grande distribution constate une hausse de 0,4% de son panier entre mi-juin et mi-juillet et ce après une augmentation de 0,5% sur le mois précédent. Avec une inflation dans la plupart des enseignes (neuf sur les 14 étudiées): +1,2% chez Leclerc, +0,8% chez Intermarché, +0,4% chez Auchan...

Une contradiction?

Il ne s'agit certes que de très légères hausses mais qui paraissent en contradiction avec le discours tenu par les enseignes sur les baisses de prix des matières premières qui devrait entraîner des reflux en rayons.

Pourquoi les prix du quotidien baissent-ils enfin ?
Pourquoi les prix du quotidien baissent-ils enfin ?
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"Ce que ça veut dire, c'est que les distributeurs ne sont pas très proactifs dans les baisses de prix, euphémise Olivier Dauvers. Soit ils ne sont pas bons négociateurs et n'ont pas obtenu de baisses de la part de leurs fournisseurs. Soit ils en ont obtenu et attendent avant de les répercuter."

C'est le second scénario qui semble le plus probable. D'autant que les enseignes comme Intermarché qui possèdent leurs propres unités de production - et qui n'ont donc pas à négocier - ne sont pas plus "proactives" dans la baisse.

L'été pas stratégique pour les prix

Pourquoi dès lors attendre plutôt que de soulager immédiatement le porte-monnaie des consommateurs ?

Selon l'expert, la réponse tient un mot: l'été. La saison n'est pas du tout stratégique pour les distributeurs qui préfèrent attendre la rentrée pour repartir à la guerre des prix.

"C'est une période dans laquelle on considère que l'attention des consommateurs sur les prix est moins forte, analyse Olivier Dauvers. L'été ça casse les routines et les repères, on change de lieu d'achat, de produits..."

Aucune raison donc de se précipiter à baisser les prix. Autant refaire un peu de marge après des mois où celle-ci a été mises à rude épreuve pour limiter l'inflation et avant une rentrée qui s'annonce très bataillée. La défense du pouvoir d'achat des Français attendra donc encore un peu...

D'ailleurs sur ce point, les distributeurs ont joué franc-jeu en parlant depuis le printemps de "septembre vert" en laissant entendre que les prix ne baisseraient pas vraiment avant la rentrée.

Seul Lidl par la voix de son directeur exécutif Michel Biero avait promis des baisses de prix sur 300 produits MDD dès cet été. Une enseigne qui n'est pas couverte par l'indicateur des prix MDD d'Olivier Dauvers qui mesure les prix pratiqués sur les drives.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco