Fonds souverain régional: le pari d'Auvergne-Rhône-Alpes

Auvergne-Rhône-Alpes lance aujourd'hui son propre fonds souverain. La région la plus industrielle de France veut éviter que ses fleurons, fragilisés par la crise, ne tombent entre des mains étrangères. Une première en France: Laurent Wauquiez, à la tête du conseil régional, assure avoir trouvé l'inspiration chez nos voisins européens, comme la Catalogne ou le Land de Basse-Saxe, en Allemagne – ce dernier, par exemple, est un actionnaire important de Volkswagen.
Beaucoup d'entreprises rentables avant la crise, dans la santé ou l'aéronautique, sont aujourd'hui plombées par les dettes et à la merci d'investisseurs étrangers: ce fonds souverain a pour objectif d'entrer au capital de ces entreprises pour leur redonner les moyens d'investir.
Avec ce fonds nous mettons en place un bouclier anti-vautours", nous affirme le président LR d'Auvergne-Rhône-Alpes. Mais ce n'est "pas seulement défensif (…), c'est aussi offensif. L'idée n'est pas uniquement de protéger, c'est de permettre parfois à nos propres entreprises de faire des acquisitions et elles-mêmes de grandir", promet Laurent Wauquiez dans 60 Minutes Business ce lundi.
L'enveloppe sera de 100 millions d'euros, alimentée par la Région mais aussi par Bpifrance, les banques locales et des gestionnaires de patrimoine. Si les résultats sont là, le fonds auvergnat-rhônalpin pourra s'ouvrir aux habitants de la région pour leur permettre d'investir dans des entreprises locales.
Ce n'est pas le politique qui décidera. Nous [à la Région] avons fixé la ligne stratégique, mais ensuite dossier par dossier ce sera géré par Siparex, parce qu'on connaît trop la tendance française où vous investissez des milliers d'euros sur des entreprises qui n'ont pas d'avenir, et à l'inverse, vous passez à côté de celles qu'il faut aider à croître", précise le président régional.
Un contexte "très politique"
"Créer un véhicule d'investissement pour soutenir les entreprises au moment où elles sont fragiles n'est pas complètement aberrant (…). Si c'est exclusivement quelque chose qui investit dans une logique économique c'est très bien, si ça devient un véhicule politique c'est plus ennuyeux", pointe sur BFM Business l'éditorialiste Nicolas Doze, évoquant un "contexte très politique".
Laurent Wauquiez, qui devra notamment faire face à la socialiste Najat Vallaud-Belkacem, tentera en effet de conserver son poste lors des élections régionales qui se tiendront en juin prochain.
"Il y a des précédents en France qui permettent de douter", ajoute-t-il, citant l'exemple de Ségolène Royal qui avait voulu créer une filière de voiture électrique en Poitou-Charentes, ce qui s'était soldé par un échec cuisant.
L'idée, qu'en matière de politique industrielle, "l'Etat connait mieux la situation que le monde traditionnel du financement de l'économie" est "absurde", rétorque de son côté l'économiste Jean-Marc Daniel. "Et en pratique, dans la réalité historique des faits, [cette idée] s'est révélée assez calamiteuse (…). Chacun son métier", estime-t-il.