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Vente à perte de carburant: des "compensations" prévues pour les stations indépendantes

Selon leur syndicat, les stations-service indépendantes se sont vues promettre par Bercy des "mesures compensatoires", après l'annonce de l'autorisation de vente à perte du carburant à partir de décembre.

Le syndicat professionnel Mobilians, représentant 5800 stations-service hors grandes surfaces, a annoncé ce lundi que Bercy s'était engagé à l'issue d'une réunion d'urgence à instaurer des "mesures de compensations" pour les stations-service indépendantes, après avoir autorisé la vente à perte de carburant à partir de décembre.

Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher et la ministre déléguée chargée des PME, du Commerce et de l'Artisanat Olivia Grégoire se sont engagés à mettre en place un "plan d'accompagnement des stations-service traditionnelles", comportant notamment des "mesures de compensation", a annoncé dans un communiqué Mobilians, se "félicitant" de leur écoute".

Vente à perte de carburant : bonne ou mauvaise idée ? - 18/09
Vente à perte de carburant : bonne ou mauvaise idée ? - 18/09
19:50

Une mesure loin de faire l'unanimité

La vente à perte est interdite en France depuis 1963 et son éventuelle légalisation temporaire fait craindre une concurrence trop forte des grandes surfaces face aux petites stations-service indépendantes, argument soulevé par plusieurs élus d'opposition.

Le groupe RN (88 députés) y est ainsi défavorable, a dit son vice-président Sébastien Chenu sur Public Sénat. Pour le député LFI Eric Coquerel, la mesure causera "un dérèglement qui avantage la grande distribution". "Ce qu'il faut c'est que le gouvernement taxe des gens comme Total (...) et pouvoir aussi financer des chèques carburants à celles et ceux qui en ont le plus besoin", a réagi Marine Tondelier, secrétaire nationale d'EELV, estimant que certains "peuvent se permettre le carburant à ce prix-là" ou de prendre moins leur voiture, "d'autres pas". Elle n'a pas précisé si son groupe voterait ou non la mesure.

Du côté des élus LR, la question doit être discutée mardi, selon une source au groupe, qui indique que les élus partent assez divisés, mais qu'un vote pour n'est pas à exclure en fonction des avancées obtenues.

"Des opérations exceptionnelles"

Si elle est votée, la question sera de connaître le nombre de stations-service qui l'utiliseront, car on imagine mal les indépendantes vendre à perte leur principale source de chiffre d'affaires, contrairement aux grandes surfaces utilisant l'essence comme produit d'appel. En France, environ un tiers des 10.000 à 11.000 stations sont gérées par TotalEnergies (3400), et une moitié par la grande distribution.Environ 2500 sont indépendantes.

Francis Perrin, directeur de recherche à l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), table au mieux sur "des opérations exceptionnelles" sur "un mois ou deux" par les grandes surfaces, en fonction des "zones géographiques et des situations de concurrence" mais pas une vente à perte généralisée.

P.L. avec AFP