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Train: la France a l'un des niveaux d'investissement par habitant les plus faibles d'Europe

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Alors que le gouvernement a annoncé il y a quelques mois un plan de 100 milliards d'euros pour le ferroviaire d'ici 2040, la France accusait encore d'un sérieux retard sur ses voisins en terme d'investissement par habitant l'année dernière.

C'est un chiffre qui vient justifier un peu plus l'urgence du plan massif de 100 milliards d'euros à destination du ferroviaire jusqu'en 2040. D'après une évaluation de l'association des opérateurs ferroviaires allemands "Allianz pro Schiene" qui se base sur des données du cabinet de conseil SCI Verkehr, la France est l'un des pays européens où l'investissement public par habitant dans le rail a été le plus faible en 2022 avec seulement 46 euros par Français.

Bien loin des 607 euros par habitant observés au Luxembourg dans le sillage de son ambitieux Plan national de mobilité ou encore des 450 euros en Suisse où une taxe sur les poids lourds finance les dépenses ferroviaires.

Même par rapport à d'autres pays majeurs de l'Union européenne, l'Hexagone accuse un sérieux retard. L'investissement de l'État espagnol dans le ferroviaire se chiffrait à 67 euros par habitant l'année dernière et atteignait 115 euros par Italien de l'autre côté des Alpes. Outre-Manche, ce sont pas moins de 187 euros par habitant qui ont été dépensés dans le rail par la puissance publique en 2022.

L'Allemagne ne fait pas partie des meilleurs élèves

Si la situation outre-Rhin est meilleure qu'en France (114 euros par Allemand), elle n'est pas pour autant idéale selon le directeur d'Allianz pro Schiene, Dirk Flege:

"Alors que la plupart des autres États européens continuent d'investir fortement dans le rail, l'Allemagne a dépensé en 2022 un peu moins que l'année précédente pour son infrastructure ferroviaire et reste à la traîne en matière de politique ferroviaire par rapport aux autres pays européens."

Cependant, l'association des opérateurs ferroviaires allemands note une réorientation de la politique des transports qui a donné la priorité au réseau ferroviaire (52% des investissements de développement et d'entretien) plutôt qu'aux routes (48%) pour la deuxième année consécutive.

"Pendant des décennies, l'Allemagne a privilégié la construction de routes, rappelle Dirk Flege. Nous sommes désormais à la veille d'un tournant historique. En regardant le projet de budget pour 2024, on peut prédire que le gouvernement de coalition veut augmenter sensiblement les investissements dans l'infrastructure ferroviaire."

Ce ratio reste en revanche moins favorable au rail que chez plusieurs pays limitrophes de l'Allemagne. En 2022, le Luxembourg a ainsi orienté 60% de ses investissements vers le ferroviaire, la Suisse près des deux tiers (62%) et l'Autriche presque un quart des siens (72%). Pour se rapprocher de ces situations voisines, l'Allianz pro Schiene plaide pour une simplification du financement, qui reste trop bureaucratique comme en témoignent les 189 programmes individuels qui existent, afin de le rendre plus efficace.

Timothée Talbi