Saint-Sylvestre : 1 193 véhicules brûlés en France

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a annoncé que quelque 1.193 véhicules avaient été incendiés lors de la nuit du 31 décembre au 1er janvier. - -
Les chiffres n’avaient pas été publiés plusieurs années de suite, les revoilà : lors de la nuit du 31 décembre au 1er janvier, quelque 1 193 véhicules ont été incendiés en France et 339 personnes ont été arrêtées cette nuit-là, dont le niveau de violence est considéré comme similaire aux précédentes années, a annoncé mardi le ministre de l'Intérieur Manuel Valls. Ce phénomène d'incendies de voitures, apparu dans les années 1990 et développé fortement dans les années 2000, est devenu une sorte d'indicateur des violences urbaines, qui a provoqué dans le passé des polémiques entre droite et gauche.
« Il est important que l'on connaisse les faits, que l'on ait les chiffres. Pour moi, il est hors de question d'engager la moindre polémique sur ces questions-là, ce qui compte, ce qui est essentiel, c'est comment on s'attaque à ces phénomènes de violence et de délinquance », a dit Manuel Valls lors d'une conférence de presse. Le précédent gouvernement de droite avait renoncé à publier les chiffres des Saint-Sylvestre de 2010 et 2011, expliquant qu'il ne voulait pas encourager une compétition malsaine. Le dernier chiffre publié était celui du Nouvel an de 2009, 1 147 véhicules incendiés, qui constituait à l'époque un record depuis six ans.
Même si ce record apparaît battu, Manuel Valls ne s'est livré à aucune comparaison avec les dernières années connues. Il a laissé entendre que des problèmes statistiques avaient entraîné une minoration à la baisse des anciens chiffres. Les incendies par propagation n'étaient quelquefois pas comptés, de même que les incendies de deux roues, a indiqué le ministre.
« Une tendance nette à la hausse »
Pourtant, l’ancien ministre de l’Intérieur sous Sarkozy Brice Hortefeux reste persuadé que les chiffres actuels sont moins bons que les siens. « Quand le ministre de l’Intérieur, certainement de bonne foi, dit qu’il n’y a pas d’évolution, c’est faux, affirme l’ancien ministre sur BFM. En 2011, par rapport à 2010, il y a eu une baisse de 8%. Ça correspond à 3 220 voitures brulées en moins. La vérité est très simple, avec nous il y avait une tendance claire à la baisse, avec ce gouvernement, il y a une tendance nette à la hausse ».
« Cela fait partie d’une communication politique »
Pour Frédéric Lagache, numéro 2 du syndicat de police Alliance, la question n’est de toute façon pas de savoir qui de l’ancien ou de l’actuel gouvernement a les meilleurs chiffres, mais surtout quels chiffres croire. « Certains chiffres paraissent vrais, d’autres plus surprenants, s’étonne-t-il. Par exemple en Alsace, nos collègues ont fait remonter des affrontements plus nombreux avec les forces de l’ordre. En Seine-Saint-Denis, le ministre annonce environ 80 véhicules brulés, mes collègues m’en font remonter 109. De toute manière, que le gouvernement soit de gauche ou de droite, on n’aura jamais la vérité tant que cela fait partie d’une communication politique ».
« Manuel Valls prend rendez-vous dans un an »
Jean-Jacques Urvoas, député PS du Finistère, donne quant à lui rendez-vous dans un an pour juger l’action du ministre et critique les propos tenus par l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy. « D’abord quand on est un ancien ministre de l’Intérieur, il faut avoir le sens des mots, car on a un bilan, et ce bilan a été jugé par les Français, tacle le député. Donc Brice Hortefeux devrait plutôt approuver l’exercice de Manuel Valls, il prend rendez-vous dans un an, quand il rendra public les chiffres, et je suis convaincu qu’ils seront beaucoup plus faibles car pendant 12 mois, l’action qu’il aura menée aura produit ses effets ».
Hausse des interpellations
L'incendie de voitures, symptôme pour certains d'une situation préoccupante de délinquance dans les banlieues pauvres notamment, constitue en Europe une véritable exception française, qui se manifeste en fait toute l'année. Il y a eu en 2011 un total de 42 135 véhicules brûlés dans le pays. « Je serai amené à faire un certain nombre de propositions pour lutter contre ce phénomène qui touche particulièrement notre pays », a dit Manuel Valls. Il a parlé de discuter avec les assureurs pour lutter contre de possibles escroqueries.
Dans le détail, cette année, il y a eu 344 incendies par propagation sur le total de 1 193. Parmi les départements les plus touchés on compte la Seine-Saint-Denis (83 véhicules brûlés), le Haut-Rhin (70), le Nord (61), les Bouches-du-Rhône (51), le Rhône et le Val-de-Marne (49), le Val d'Oise (48) et la Haute-Garonne (44). Quelque 907 voitures ont été brûlées en zone de police, donc dans les villes, 209 à Paris et dans la banlieue, et 77 en zone gendarmerie, c'est-à-dire en secteur rural. Il y a neuf départements avec plus de 40 incendies, notamment les deux de la région Alsace et les Bouches-du-Rhône. Les 339 arrestations représentent une hausse importante par rapport à l'an dernier (290). Quelque 244 personnes interpellées ont été placées en garde à vue, contre 181 l'an dernier. Cette hausse peut être due à la mobilisation accrue des forces de l'ordre, avec 53.000 policiers et gendarmes sur le terrain cette année. Il n'y a pas eu d'affrontements, sauf dans un quartier de Strasbourg et un de Mulhouse. Il y a par ailleurs eu un mort en Alsace et quatre blessés graves, dont une personne dont le pronostic vital est engagé, à la suite de l'utilisation d'artifices de type « mortier » interdits en France, a dit le ministre.