Peugeot 308: elle mérite de réussir

Pour un constructeur généraliste comme Peugeot, le segment de la 308 est non seulement stratégique pour assurer les revenus de la marque, il est aussi symbolique car c'est le segment de la VW Golf, la star depuis 40 ans.

On devrait pouvoir essayer les voitures à l'aveugle... (Souvenez-vous de la publicité pour la Peugeot 306 cabriolet avec Ray Charles!) Ainsi, pas d'a priori et à ce petit jeu, la nouvelle 308 gagnerait bien des matches face aux chouchous du marché avec leur image en or. En l'occurrence, cette nouvelle Peugeot est un modèle de douceur à conduire, avec juste une pointe de fermeté qui change des habitudes françaises.

Est-ce une façon de dire aux acheteurs d'allemandes: "Nous aussi, on sait faire preuve de fermeté puisque c'est ce que vous aimez"?

Le design moderne offre une impression de qualité. © -

Les yeux fermés, on prêterait aussi davantage attention au châssis. Un châssis sécurisant car on sent la limite d'adhérence arriver très progressivement et en plus, ce comportement est joueur, jamais on ne sent la 308 dépassée. Elle est souple, dynamique et confortable.

Donnez-lui de la puissance!

Les jantes en alliage (parfois en option) ont toutes un look sportif. © -

Ce modèle essayé est équipé d'un moteur 1.6l e-HDi de 115 chevaux et à vrai dire, le châssis est si efficace qu'il est frustrant d'avoir aussi peu de puissance disponible. 130 ou 140 chevaux semblent un minimum pour bien profiter des capacités de la voiture.

Certes, 115 chevaux sont suffisants pour rouler mais même sans enfreindre la loi, un surplus de puissance serait utile pour des reprises plus franches et un plaisir de conduire bien supérieur.

Intérieur épuré

Certainement la plus belle planche de bord française du moment. © -

En fait, ça vaut le coup d'ouvrir les yeux pour découvrir l'ergonomie et l'esthétique intérieure de la 308. La planche de bord est étirée et c'est comme si on avait juste donné deux coups de lame pour poser d'une part les compteurs derrière le volant et d'autre part la console centrale.

Le nombre de boutons est étonnamment faible (seulement six au centre) grâce à l'écran tactile rassemblant de nombreuses fonctions.

La tablette tactile, c'est moderne mais pas toujours pratique en conduisant. © -

C'est beau mais attention, les yeux doivent s'attarder longtemps sur cet écran pour des fonctions aussi élémentaires que le réglage de la ventilation ou de la radio, au détriment de la route. Un défaut qui gagne la plupart des voitures modernes.

Qualité perçue

Le bouton qui remplace la clé, classique désormais mais très soigné. © -

Les plastiques moussés s'enfoncent agréablement sous le doigt, l'aspect mat et les surfaces en aluminium brossé renforcent l'impression de modernité luxueuse. Les buses de ventilation, par exemple, respirent le sérieux comme jamais.

Oubliées, les grilles très légères, facilement désarticulées et en plastique cassant. Désormais elles sont bien construites, s'orientent avec fluidité et une douce résistance au mouvement respire la qualité. On n'est pas encore en présence d'une référence mondiale en termes de finition mais cette Française prouve que les Allemands ne sont plus très loin devant.

Un petit défaut d'ergonomie avec cette bosse en bord d'assise. © -

Quelques détails d'ergonomie dénotent cependant: le levier de vitesse est placé plus en arrière que d'habitude si bien que pour changer de rapport, on ne tend pas le bras en avant mais on recule le coude pour que la main tombe sur le pommeau.

Les sièges avants sont très enveloppants pour le dos mais le bord de l'assise est un peu trop haut et non réglable, cette bosse bien visible comprime l'avant des cuisses et fatigue un peu au fil des kilomètres.

L'aiguille de compte-tour oscille de droite à gauche. © -

Enfin, l'aiguille de la vitesse oscille de gauche à droite comme d'habitude, mais celle du compte-tour se déplace de droite à gauche. C'est très étonnant, surtout que l'objectif est uniquement esthétique, mais on finit par s'y faire à la longue.

Enfin la nouvelle signature Peugeot avec des compteurs haut-perchés et un petit volant à la jante épaisse, j'en ai déjà parlé dans ces pages, me convient parfaitement malgré les critiques entendues ailleurs.

Moderne mais classique

Avouez que sous cet angle, la 308 n'a pas à rougir face à la Golf. © -

Avec la 307, Peugeot avait inauguré une nouvelle architecture : le toit était plus haut que d'habitude. C'était une façon d'augmenter l'espace intérieur et la luminosité. Désormais, la conception de la 308 est très classique, très proche de celle de la Golf, la référence du segment.

Et d'ailleurs, on note d'autres similitudes avec l'Allemande. Elles possèdent toutes deux un épaulement sur les ailes arrières, des feux arrières horizontaux, un arrière massif, des flancs nervurés... Mais la 308 possède pourtant une personnalité bien à elle, surtout grâce à son comportement routier.

Tant de qualités

Le toit vitré, spécialité française qui rend les intérieurs si chaleureux. © -

La nouvelle 308 fait franchir un cap à Peugeot. Le bon comportement routier est depuis longtemps une caractéristique de la marque, cette qualité est encore renforcée. La qualité perçue et l'image de marque étaient une faiblesse, ce handicap tend à s'estomper. Cette nouvelle 308 est bien construite et semble faite pour durer. Les assemblages de la carrosserie et de l'habitacle sont précis et solides. La ligne extérieure et l'habitacle ont un style moderne et homogène.

Peugeot est condamné à réussir chaque nouveau modèle pour faire repasser les comptes dans le vert. Avec ses dernières productions, 208, 2008 puis cette 308, le Lion est sur la bonne voie.

|||Bravo!
- le comportement routier
- la qualité de fabrication
- la ligne

Dommage...
- certains détails d'ergonomie
- les bruits de roulement

Cédric Faiche