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L'aéroport d'Amsterdam-Schiphol va interdire les jets privés

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L'un des aéroports les plus fréquentés d'Europe entend également interdire les rotations de nuit et n'ouvrira pas de nouvelle piste. Ces mesures seront appliquées d'ici 2025/2026.

"Schiphol fera les choses plus calmement, plus proprement et mieux". Voilà en résumé la nouvelle philosophie de l'aéroport international d'Amsterdam-Schiphol aux Pays-Bas qui entend embrasser une approche plus mesurée et plus responsable du voyage en avion, quitte à voir son trafic (et donc ses revenus) baisser.

"Schiphol relie les Pays-Bas au reste du monde. Nous voulons continuer à le faire, mais nous devons le faire d'une meilleure façon. La seule façon d'avancer est de devenir plus silencieux et plus propre plus rapidement. Pendant trop longtemps, nous n'avons pensé qu'à la croissance et trop peu à son bilan. Nous devons être durables pour nos employés, l'environnement et le monde. Je suis conscient que nos choix peuvent avoir des effets majeurs sur le secteur, mais ils sont nécessaires", explique Ruud Sondag, PDG du groupe Royal Schiphol.

Cette approche va donc se concrétiser par des mesures fortes qui seront appliquées "au plus tard en 2025-2026" avec par exemple l'interdiction des jets privés, critiqués de toutes parts pour leur bilan carbone par passager mais également pour leurs nuisances sonores. "Ils ne sont plus les bienvenus" peut-on lire dans un communiqué.

"Ils ne sont plus les bienvenus"

Schiphol va "interdire les avions privés et le trafic des petites entreprises. Ce trafic provoque une quantité disproportionnée de nuisances sonores et d'émissions de CO2 par passager (environ 20 fois plus de CO2 par rapport à un vol régulier). Parmi ces vols, 30 à 50% sont des vols de vacances vers des destinations telles qu'Ibiza, Cannes et Innsbruck. Il existe également suffisamment de services réguliers disponibles vers les destinations les plus fréquemment empruntées par les jets privés" peut-on lire dans un communiqué. Les vols de police ou à caractère sanitaire seront maintenus.

Rappelons que selon une étude du cabinet environnementaliste danois CE Delft commissionnée par Greenpeace, 572.806 vols privés intra-européens ont été comptabilisés en 2022, soit 64% de plus qu’en 2021 et presque 5 fois plus que les 118.756 constatés en 2020.

Toujours selon ce rapport, les liaisons entre Amsterdam et Londres font partie des vols par jets privés les plus fréquentés en 2022 pour les vols de moins de 500 kilomètres. Le cabinet a dénombré l'an passé plus de 12.000 vols privés depuis les Pays-Bas, dont plus de la moitié depuis Schiphol, soit 53.000 tonnes de CO2.

10.000 vols de nuit en moins

Mais ce n'est pas tout. Schiphol va mettre en place une fermeture nocturne (appelé couvre-feu), "afin qu'il y ait plus de paix dans les environs".

Concrètement, plus aucun avion ne décollera entre 00h00 et 06h00 et aucun atterrissage ne pourra être effectué entre minuit et 05h00. Une décision qui provoquera la suppression de 10.000 vols de nuit en moins par an. En France, l'aéroport de Paris-Orly applique le même type de mesure.

Ces interdictions permettront de réduire sensiblement le nombre de personnes gravement gênées autour de Schiphol (-16%) et le nombre de riverains "souffrant de troubles graves du sommeil (-54%)" assure l'aéroport.

"Trop longtemps, on s'est concentré sur les faibles coûts"

Dans le même temps, l'un des aéroports les plus fréquentés d'Europe annonce son intention de stopper son développement physique. "Schiphol renonce à la possibilité d'une piste de décollage et d'atterrissage supplémentaire et demande au gouvernement national d'annuler" ce projet qui a donné lieu à des options sur des terrains avoisinants, "une pression inutile sur l'espace rare dans la région" souligne-t-on.

Enfin, Schiphol entend calmer la fronde sociale qui agite les aéroports européens depuis maintenant deux ans. "Trop longtemps, on s'est concentré sur les faibles coûts. Une approche différente est nécessaire: tout le monde est important à Schiphol. L'accord social avec les syndicats a été une première étape. Schiphol persévère désormais et considère qu'il est important que les conditions d'emploi de toutes les personnes qui travaillent à l'aéroport soient bonnes" peut-on lire.

"Schiphol s'engage à améliorer les salaires dans tous les secteurs, à mieux protéger tous les employés contre les émissions, à réduire la concurrence sur le marché de la manutention et à améliorer les conditions de travail des employés de la manutention des bagages" annonce l'aéroport.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business