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Grèves SNCF: la CGT Cheminots maintient que les salaires ne font pas partie du préavis

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Thierry Nier, secrétaire général de la CGT Cheminots, a donné ce matin sur BFM Business plus de précisions sur les raisons des grèves à venir à la Sncf. Après une première journée de mobilisation ce jeudi 21 novembre, l’intersyndicale (CGT-Unsa-Sud-CFDT) prévoit un mouvement reconductible dès le 12 décembre.

Il est l'heure des négociations annuelles obligatoires (NAO) et les syndicats de la SNCF s'accordent à dire qu'une revalorisation salariale est nécessaire. Mais pour Thierry Nier, secrétaire général de la CGT Cheminots, les grèves annoncées ce jeudi - et potentiellement reconduites en décembre - ne concernent pas ce sujet.

Il y a selon lui 3 points qui justifient le préavis de grève: celui de la potentielle liquidation de Fret Sncf imposée au 31 décembre prochain, la privatisation en cours dans le Ter et la question du financement des infrastructures vieillissantes du réseau ferroviaire tricolore.

La réorganisation de Fret SNCF en première ligne

La question de la réorganisation de Fret SNCF, la branche de transport de marchandises du groupe, serait donc le sujet principal de cristallisation des tensions. La filiale se trouve aujourd'hui au bord de la faillite, malgré 5,3 milliards d'euros de subventions perçues de 2005 à 2019.

Pour éviter le remboursement de cette dette publique, l'Etat français a préféré scinder Fret Sncf pour céder une vingtaine de lignes stratégiques et ainsi éviter la faillite. Une "précipitation du précédent gouvernement" selon Thierry Nier, qui fait valoir que sans aide publique, "il y aurait eu un report plus important de tonnes de marchandises transportées sur les routes". L'acheminement de marchandises en wagons isolés, technique perfectionnée par la Fret Sncf, permettrait justement de centraliser les marchandises de plusieurs concurrents sur un même train.

Un dispositif "qui a nécessité de l'aide publique" et qui "aurait pu représenter plus de 10 milliards d'euros de coût pour la société". Thierry Nier évalue ici ces externalités négatives en incluant notamment les coûts induits par l'accidentologie sur les réseaux routiers mais aussi l'impact carbone associé.

"Seul l'Etat peut investir car c'est un choix de société", défend-il, tout en lui demandant de reprendre "son rôle de stratège dans la SNCF - comme dans l'Éducation ou la Santé". La logique du privé visant essentiellement la rentabilité, Thierry Nier estime que c'est bien aux pouvoirs publics de s'emparer du sujet.

"L'Etat doit avoir ce rôle de proposer des outils publics qui répondent à l'intérêt général", affirme Thierry Nier sur BFM Business ce mercredi matin.

Ce dernier appelle à un moratoire public sur le sujet mais aussi à la réouverture des négociations avec la Comission européenne. Thierry Nier estime que Teresa Ribera, nouvelle candidate au poste de commissaire à la concurrence, fait preuve d'une "sensibilité écologique" qui pourrait faciliter les échanges.

Pierre Berthoux