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Transports

Des pilotes de ligne appellent à boycotter Saint-Domingue

Pascal Fauret (g.) et Bruno Odos attendant l'audience qui devait avoir lieu le 4 février dernier à Higüey, en République dominicaine.

Pascal Fauret (g.) et Bruno Odos attendant l'audience qui devait avoir lieu le 4 février dernier à Higüey, en République dominicaine. - -

Le Syndicat national des pilotes de ligne appelle tous les pilotes à refuser cette destination, pour protester contre la détention provisoire de deux d'entre eux depuis près d'un an.

Mis en cause à Saint-Domingue pour trafic de stupéfiants, Pascal Fauret et Bruno Odos clament leur innocence. En 342 jours de détention provisoire, ces deux pilotes français n'ont néanmoins jamais eu l'occasion de le faire devant un juge. Une audience préliminaire, qui devait se tenir ce mardi, a été reportée, relate France Info.

Or ce n'est pas la première fois. Pour protester, le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) a donc appelé dans un communiqué "tous les pilotes sous contrat français à refuser d'assurer les vols" à cette destination.

Selon le SNPL, l'audience qui devait se tenir mardi a été annulée "au prétexte d'un transfert de l'affaire du tribunal d'Higüey", ville où les deux hommes sont incarcérés, "vers les juridictions de Saint-Domingue". Or elle avait déjà été reportée le 4 février dernier. Pour le moment, aucune nouvelle date n'a été fixée. Et le délai d'une audience sur le fond du dossier s'allonge de facto.

Près de 700 kg de cocaïne à bord

Pascal Fauret et Bruno Odos s'apprêtaient à décoller de l'aéroport de Punta Cana, le 23 mars 2013, quand ils ont été interpellés par les autorités dominicaines. A bord de leur Falcon 40, propriété du lunettier Alain Afflelou, se trouvait 682 kilos de cocaïne, précise Le Monde, qui relatait l'affaire début février.

Les deux pilotes, anciens de l'Aéronavale âgés de 53 ans, travaillaient pour le compte d'une société d'aviation d'affaires, Trans-hélicoptère services (THS), à qui Alain Afflelou avait confié l'exploitation de son Falcon. Deux autres hommes à bord, également français, ont eux aussi été placés en détention provisoire. Le premier, Nicolas Pisapia, était le client de THS, le second, Alain Castany, aurait servi d'intermédiaire entre le client et la firme, selon Le Monde.

Tous les quatre clament leur innocence, mais aucun n'a encore été en contact avec les juridictions du pays. Dans ce dossier, une quarantaine de fonctionnaires locaux ont également été interpellés et mis en cause.

Une instruction ouverte en France

Selon Le Monde, une instruction avait été ouverte en France début 2013 pour trois allers-retours du même Falcon, avec les mêmes pilotes et le même client. Mais selon la juge en charge du dossier à la JIRS de Marseille, interrogée par le quotidien, Bruno Odos et Pascal Fauret "ne pouvaient pas savoir ce qu'ils transportaient".

Si le SNPL appelle mardi au boycott de Saint-Domingue, c'est donc aussi "pour la sécurité des pilotes", indique sur France Info son président Yves Deshaie. "Dans ce pays, on peut être victime de l'arbitraire", dénonce-t-il. Dans son communiqué, le syndicat souligne en effet que des "affaires récentes de découverte de produits stupéfiants dans des avions en provenance de République dominicaine rendent possibles, voir probable, la survenue d'un événement similaire".

M. T.