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Crash du vol Egyptair: l'avion n'aurait pas dû décoller, selon les experts

Le crash du vol Egyptair en mai 2016 avait fait 66 morts.

Le crash du vol Egyptair en mai 2016 avait fait 66 morts. - BEHROUZ MEHRI / AFP

Le crash d'un Airbus A320 de la compagnie égyptienne en Méditerranée avait fait 66 morts, dont 15 Français en mai 2016.

L'avion Egyptair, qui s'est abîmé en mer Méditerranée en mai 2016, n'était pas en état de voler. C'est la conclusion d'un rapport d'expertise demandé par trois juges d'instruction en charge de l'enquête en France. L'Airbus A320 de la compagnie s'était écrasé dans la nuit du 18 au 19 mai après avoir décollé de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, à Paris, à destination du Caire. L'accident avait fait 66 morts dont 15 Français.

"L'expertise a mis en évidence que cet appareil aurait dû faire l'objet de vérifications lors des 4 précédents vols, et n'aurait pas dû quitter Le Caire après l'enchaînement de défauts récurrents mais non signalés par les équipages successifs", écrivent l’inspecteur et le technicien aéronautique qui ont rédigé ce premier rapport révélé mardi par Le Parisien

Plus d'une vingtaine d'alertes

Dans ce document de 70 pages, les experts ont décortiqué le carnet de bord de l'avion ainsi que les données transmises automatiquement par le système Acars, qui permet à l'appareil d'envoyer au sol les informations sur son état de maintenance. 

La veille du crash, le 18 mai, ils ont ainsi trouvé la trace d'une vingtaine d'alertes plus ou moins grave signalant un problème technique. Notamment une anomalie électrique pouvant conduire à un incendie et un autre sur une valve moteur. Une alarme signalant de la fumée dans les toilettes s'est également déclenchée. 

Plus grave, ces problèmes avaient déjà été enregistrés sur de nombreux vols. Les experts, qui sont remontés jusqu'au 1er mai, ont comptabilisé 29 alertes engendrées par le problème électrique et 51 pour celui de la valve moteur. 
"L’application non conforme des procédures et consignes ne permet pas à la compagnie EgyptAir d’apprécier correctement l’état technique de l’aéronef au moment du départ de CDG", estiment les experts dans leur rapport.

Les causes encore inconnues

Ils s'interrogent également sur le niveau du technicien chargé de la maintenance des avions Egyptair à Roissy qui n'avaient a priori pas les qualifications nécessaires pour occuper ce poste. 

Malgré ces éléments, l'inspecteur et le technicien aéronautique restent prudents sur le possible rôle de ces problèmes dans le crash de l'avion Egyptair. L’étude des éléments mis à la disposition des experts ne permet pas de déterminer si l’accident de l’Airbus SU-GCC découle des différents défauts techniques dont souffrait l’aéronef", affirment-ils. 

Chargé de l'enquête, à laquelle participait le bureau d'enquêtes et d'analyse (BEA) en France, les Égyptiens estiment qu'il s'agissait d'un attentat, même si aucune revendication n'a jamais eu lieu. En décembre 2016, ils avaient assuré avoir découvert des traces d'explosifs sur les restes de victimes. 

Sceptiques face à cette hypothèse, leurs homologues français du BEA penchent pour l'hypothèse d'un violent incendie dans le cockpit, dont l'origine reste à déterminer. 

Benjamin Rieth