Alitalia: nouveau nom, nouveau départ mais déjà un premier couac

Alitalia a été placée sous tutelle. - Gabriel Bouys - AFP
Le chemin de croix de l'ex-Alitalia se poursuit. Depuis plusieurs mois, l'Italie tente de sauver son fleuron nationial de l'aviation notamment en discutant âprement avec Bruxelles pour autoriser le versement d'aides nationales.
L'ancien gouvernement dirigé par Giuseppe Conte avait créé en 2020 une entreprise publique pour sauver Alitalia, baptisée Ita, dans laquelle il comptait injecter 3 milliards d'euros. Le cabinet de Mario Draghi s'est ensuite employé à négocier avec la Commission européenne autour du nouveau périmètre de la compagnie, condition essentielle pour que Bruxelles autorise cette aide massive.
L'Italie accepte alors plusieurs concessions: le changement de nom de la compagnie qui sera désormais appellée ITA pour Italia Trasporto Aereo (un vrai traumatisme pour les Italiens très attachés à ce nom qui n'a jamais changé depuis sa création en 1946), la réduction drastique du nombre d'employés et d'avions et un réseau intercontinental réduit à cinq destinations.
Saison ratée
Mais des blocages administratifs et des points d'achoppement avec Bruxelles allongent encore les délais. Alors que la nouvelle Alitalia tablait sur un redémarrage en juin/juillet, il lui faudra attendre finalement septembre, comme l'a annoncé son directeur général Fabio Lazzerini.
Fragile, la nouvelle compagnie va donc rater la très stratégique saison d'été qui s'annonce positive pour le secteur avec la levée des restrictions sanitaires dans de nombreux pays, la généralisation du pass sanitaire et les progrès de la vaccination.
De quoi laisser un boulevard aux compagnies low cost comme Ryanair et easyJet qui ont d'ores et déjà annoncé le renforcement leur programme de vols en Europe. Rappelons qu'avant la crise, pour les vols internationaux au départ et à l'arrivée d'Italie, sa part de marché n'était que de 7,8% en 2019, loin derrière les 23% de Ryanair...
Une nouvelle rencontre entre Margrethe Vestager, Commissaire européenne à la concurrence et le ministre italien de l’Industrie Giancarlo Giorgettiest prévue ce mercredi à Bruxelles. Mais sauf miracle, ITA ne pourra pas redécoller pour les congés d'été.
Un sauvetage qui suscite des doutes
Par ailleurs, certains spécialistes doutent du succès d'ITA. "Les contribuables italiens ont déjà dû débourser des dizaines de milliards d'euros ces trente dernières années pour maintenir à flot une compagnie très mal gérée", a commenté à l'AFP Massimo Colombo, professeur d'économie de l'innovation à l'Ecole polytechnique de Milan.
"Le secteur aérien a connu un important mouvement de concentration ces dernières années, toute seule Alitalia ne pourra pas survivre, il lui faut un partenaire privé", a-t-il ajouté.
"Je ne crois pas que l'Etat italien doive encore une fois mettre la main à la poche pour renflouer Alitalia", abonde Andrea Giuricin, économiste des transports à l'université Bicocca de Milan, qui prône une vente des actifs de la compagnie sur le marché.