Aérien: encore un vol à vide, cette fois chez Vueling, à cause du chaos dans les aéroports anglais

Vueling a transporté 24,8 millions de passagers l'an dernier, soit 15% de plus qu'en 2014. - AFP - Josep Lago
Alors que les compagnies aériennes intensifient leur communication autour de leurs efforts pour réduire leur empreinte carbone, cette nouvelle affaire de vol à vide risque de faire de nouveau hurler les détracteurs du secteur.
The Guardian rapporte en effet qu'un vol de la compagnie Vueling entre Londres et Florence a décollé sans aucun passager le 30 mai dernier.
Prévu à 20h20, le vol comme bien d'autres en Grande-Bretagne a subi les effets en cascade des retards accumulés à l'aéroport londonnier de Gatwick, frappé par une pénurie de personnel.
Après deux heures de retard, et constatant que les passagers ne montaient toujours pas à bord, bloqués dans les files d'attente pour l'embarquement et les vérifications de sécurité, le pilote a pris la décision de décoller à vide.
Conserver les créneaux
La raison, à cette heure tardive, l'avion devait absolument décoller avant la fermeture de l'espace aérien à Florence, et ainsi éviter de perdre son précieux créneau aérien.
Quand les passagers sont finalement arrivés devant la porte d'embarquement, l'avion était parti depuis longtemps déjà...
"Finalement, le personnel nous a dit que les pilotes avaient pris la décision de ramener l'avion à vide sans un seul passager à bord en raison de la fermeture de l'espace aérien de Florence", explique ainsi un passager interrogé par le quotidien britannique.
Outre la colère de ces passagers qui sont finalement rentrés chez eux à 2 heures du matin sans avoir obtenu ni boisson, ni nourriture (seulement deux agents de la compagnie étaient sur place), la question de l'impact environnemental de ces vols à vide continue à interroger.
Ils répondent avant-tout à une logique financière. Rappelons que les règles européennes prévoient qu'une compagnie aérienne utilise en temps normal 80% de ses créneaux de décollage et d'atterrissage qui leur sont attribués, sans quoi elles perdent ces droits la saison suivante.
La Commission européenne appellée à modifier ces règles
Ce seuil a été abaissé pendant la pandémie mais la Commission européenne l'a remonté en décembre dernier à 64% pour la période du 28 mars au 29 octobre 2022, provoquant la colère des compagnies aériennes.
Le PDG du groupe Lufthansa, Carsten Spohr, avait averti le 23 décembre qu'il serait contraint d'opérer "18.000 vols inutiles" durant l'hiver "seulement pour conserver ses droits de décollage et d'atterrissage", dans une interview au quotidien allemand FAZ.
"Malgré nos demandes pressantes pour plus de flexibilité, l'UE a approuvé une règle d'utilisation clairement irréaliste", avait également déclaré un porte-parole de l'Association du transport aérien international (IATA), qui représente la grande majorité des compagnies.
En janvier dernier, le ministre belge de la Mobilité, Georges Gilkinet, avait écrit à la commissaire aux Transports, Adina Valean, pour faire cesser cette aberration économique et environnementale. Une demande qui pour le moment n'a pas été suivie d'effets.