Linky: un groupe d'électro-hypersensibles l'emporte en justice contre Enedis

Une victoire pour les électro-hypersensibles reconnus par un médecin qui pourraient s'opposer à la pose d'un compteur Linky - Damien Meyer - AFP
C'est une victoire, non pas pour les militants anti-Linky, mais pour les personnes reconnues médicalement comme électro-hypersensibles. Dans une ordonnance du 12 mars dernier, un juge des référés à Toulouse a entendu, et ce pour la première fois, les plaintes de treize Français qui ont médicalement justifiés qu'ils ne pouvaient supporter les ondes émises par le compteur Linky. Le juge du Tribunal de Grande Instance (TGI) a donc ordonné à Enedis de ne pas installer, contre leur gré, le compteur électrique dans les foyers de personnes diagnostiquées comme électro-sensibles.
Linky: les ondes émises sont "très faibles" selon l'Anses
Cette décision de justice peut avoir de lourdes conséquences sur le déploiement des compteurs Linky. Selon Me Christophe Léguevaques, l’avocat de la plaignante, Enedis devra tenir compte de cette pathologie dans les immeubles. "Si ces personnes habitent dans un immeuble et que leurs voisins sont déjà équipés d’un Linky, il appartiendra au distributeur de délivrer à proximité du logement des malades une électricité exempte de tout courant porteur en ligne, notamment dans les fréquences comprises entre 35 khz et 95 khz", a déclaré à La Dépêche du Midi, cet avocat qui a plus de 5000 clients dans le cadre d’actions collectives.
De fait, toute installation d'un compteur Linky dans un immeuble d'habitation pourrait poser problème. Et les cas pourraient être nombreux. L'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) considère que les ondes émises par les compteurs Linky sont "très faibles", et inférieures aux valeurs limites réglementaires.
"216 requérants ont été déboutés".
Mais certains semblent donc y être plus sensibles que d'autres. Dans un rapport publié il y a tout juste un an, l'Anses préconisait de reconnaître l'électro-hypersensibilité comme une maladie. Elle avance qu'en France, 6 millions de personnes pourraient potentiellement entrer dans cette catégorie en présentant différents symptômes: maux de tête, fatigue, troubles de l'équilibre, de la mémoire, fourmillements, problèmes cutanés, raideur de la nuque ou du dos. Dans ce document, l'Anses précisait toutefois que rien ne permettait d'établir un lien entre les symptômes des malades et les ondes.
Le tribunal de Toulouse semble avoir opté pour une mesure de précaution. Comme l'a indiqué un porte-parole d'Enedis à BFM Eco, cette "décision du tribunal de Toulouse du 12 mars 2019 conforte sa démarche d’écoute à l’égard de certains clients qui se déclarent électro-sensibles". Mais l’entreprise rappelle "qu’il s’agit de cas extrêmement rares pour lesquels Enedis, en tant qu’entreprise du service public, met en œuvre un accompagnement personnalisé et adapté à chaque situation particulière". Une manière de dire que les compteurs pourront être mis à distances des usagers concernés, mais seront quand même installés. A ce titre, Enedis nous signale que dans cette décision, "216 requérants ont été déboutés".
