Reprise économique: les patrons français les moins optimistes

Près de neuf femmes cadres sur dix (86%) estiment que les inégalités par rapport aux hommes n'ont pas diminué au cours des cinq dernières années dans les entreprises - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP
Reprendre son souffle et croire en l'avenir. C'est un peu le sentiment général qui se dégage de la 24e étude annuelle de PwC sur la confiance des chefs d'entreprise de la planète.
Au niveau mondial, 76% des patrons interrogés estiment que la croissance va s'améliorer cette année contre 14% qui pensent qu'elle va décliner.
Cet optimisme est néanmoins moins marqué chez les dirigeants français qui sont 59% à parier sur une amélioration et 23% à tabler sur le contraire. La France reste ainsi le plus prudent des pays européens (80% des patrons allemands sont optimistes par exemple).
59% des patrons français optimistes contre 80% des allemands
"Que nous disent les dirigeants français? Tout d’abord, qu’ils sont optimistes quant à l’avenir. Une nette majorité d’entre eux estime que la croissance économique mondiale s’améliorera en 2021. Après des années de pessimisme, ce chiffre exprime une confiance retrouvée même s’il reste en retrait du niveau mondial", commente Bernard Gainnier, président de PwC France et Maghreb.
"Au-delà de la tendance globale, il semble que les incertitudes se réduisent mais que tout se jouera dans la stratégie de la reprise ainsi que la dynamique et les moyens mis en œuvre", poursuit le responsable.
Optimisme mesuré mais optimisme quand même, les patrons français saluent le "plan d’aides massives déployées par le Gouvernement. Les dirigeants français ont conscience de la situation privilégiée des entreprises du pays. Le plan de relance, estimé à 100 milliards d’euros sur deux ans, renforce le sentiment de bénéficier d’un filet de sauvetage", peut-on lire.
Du coup, les chefs d'entreprise interrogés sont également confiants quant à la croissance de leurs organisations. "Les dirigeants français suivent la tendance globale, avec plus de réserves toutefois. Seuls 23% se disent très confiants quant à leur perspective de croissance du chiffre d’affaires les 12 prochains mois, contre 36% au global. A horizon de trois ans, leur optimisme se rapproche de celui des dirigeants mondiaux (47% très confiants, 41% en France)" souligne l'étude.
La transformation digitale arrive en tête des investissements
La confiance en la profitabilité future de leur entreprise reste bonne (61% en France), mais encore une fois plus modérée qu'au niveau mondial (65%).
"Avec une économie fortement tournée vers les services, la France a largement souffert de la crise et des secteurs se trouvent durablement touchés. Mais les plans de relance du Gouvernement permettent de soutenir le retour à la croissance et expliquent le rebond de l’optimisme. Toutefois, la problématique liée à notre souveraineté nationale reste une question qui préoccupe les chefs d’entreprise français et teinte leur optimisme d’une relative prudence", commente Anne-Lise Glauser de PwC.
La désinformation perçue comme un risque majeur
Pour renouer avec croissance et profitabilité, les patrons français envisagent d'actionner deux leviers: la poursuite de la croissance organique (74%) et la recherche d’efficacité opérationnelle (71%).
Côté investissements à moyen terme (3 ans), la transformation digitale arrive en tête de liste dans le monde et en France (plus de 45% des patrons interrogés) devant les initiatives ESG et la réduction des coûts.
"Investir dans le digital apparaît comme une nécessité pour pouvoir opérer dans un monde où les gens ne sont plus tout le temps présents en physique", commente Anna Cohen de PwC.
L'état d'esprit est donc bien orienté mais la réalité des menaces est clairement affichée. Au niveau mondial, le risque sanitaire et les cyber-menaces sont les risques les plus cités (52 et 47%). En France, c'est la menace de la désinformation qui constitue le plus grand risque pour les dirigeants avec une étonnante progression de 78% en un an, devant le populisme et l'excès de réglementation (tous les trois à 41%). Le risque sanitaire arrive derrière à 39%.
Enfin, les dirigeants français sont plus inquiets sur la question du changement climatique cette année, avec une hausse de 20% par rapport à l'année dernière (24% très inquiets en 2020 contre 30% cette année.