"Pas de hausse uniforme": le patronat prudent avant une réunion à Bercy sur le pouvoir d'achat

Bruno Le Maire a été clair: "Tout ne doit pas reposer sur l'Etat". Deux jours après l'appel du gouvernement à ce que "chacun" participe à la lutte contre l'inflation, le ministre de l'Economie réunit ce lundi les organisations patronales à Bercy pour réclamer aux entreprises un geste en faveur du pouvoir d'achat des salariés.
Mais à ce stade, les dirigeants d'entreprises ne veulent pas trop s'avancer. Face à la conjoncture qui se dégrade, l'heure est à la prudence. Selon nos informations, un président de filière prévoit de rappeler à Bruno Le Maire que les marges de manoeuvre des entreprises se sont réduites ces dernières semaines alors que la consommation des ménages recule et que les entreprises ont déjà baissé leurs marges face à l'inflation.
Regarder le long-terme plutôt que le court-terme
Invité sur BFM Business ce lundi, le co-président du Mouvement des Entreprises de taille intermédiaire (METI), Frédéric Coirier, ne s'oppose pas quant à lui explicitement à des hausses de salaires mais appelle au-delà des mesures de court terme à regarder le long-terme en visant "le plein emploi" pour améliorer le pouvoir d'achat des salariés.
"Il faut un bon équilibre, il ne faut pas que le coût du travail viennent percuter encore un peu plus les entreprises qui sont très touchées par l'inflation", souligne-t-il.
Il assure en outre que les ETI ont déjà "fait des efforts importants puisque les salaires ont augmenté de plus de 3% lors des dernières négociations, et il y a aussi eu la prime Macron". Et "l'intéressement et la participation vont certainement beaucoup augmenter aussi puisque les résultats de 2021 sont plutôt bons", donc "sur l'ensemble des composantes de la rémunération, cela devrait être plutôt positif du côté des ETI", prédit Frédéric Coirier.
"Pas de hausse de salaire uniforme"
De son côté, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), François Asselin, a écarté ce lundi une hausse "uniforme" des salaires dans les entreprises françaises.
"Il n'y aura pas de hausse de salaire uniforme (...) vous aurez autant de situations que d'entreprises différentes", a-t-il affirmé sur France info.
"On subit cette inflation", mesurée à 4,8% sur un an en avril, "et les entreprises comme leurs salariés ont la même pression", s'est-il défendu, indiquant que "nous voyons flamber nos prix d'approvisionnement en matières premières, l'énergie en premier. Et lorsqu'on ne peut pas répercuter (ces hausses des prix de production) sur les prix de vente, c'est compliqué", a expliqué le patron de la CPME. Mais face aux tensions de recrutement, "beaucoup d'entreprises ont fait des augmentations individuelles" de salaires, a-t-il tempéré, afin de "garder leurs effectifs et leurs compétences".
Selon François Asselin il y a en outre des "possibilités pour augmenter le pouvoir d'achat" des salariés. A commencer par la baisse des des charges patronales sur les heures supplémentaires. Le représentant des PME plaide aussi pour laisser la possibilité aux entreprises de verser en plusieurs traites la "prime Macron", plutôt qu'en une seule fois. "Ça permettrait à des entreprises qui n'ont pas à l'instant T la trésorerie" nécessaire au versement de cette prime défiscalisée de recourir malgré tout à ce dispositif, a-t-il dit.