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Les titres-restaurant bénéficient 3 fois plus aux restaurateurs qu'à la grande distribution

Les cartes titres-restaurant représentent 3 à 3,5% du marché total, soit environ 120 000 cartes en circulation.

Les cartes titres-restaurant représentent 3 à 3,5% du marché total, soit environ 120 000 cartes en circulation. - AFP Eric Piermont

Selon une étude de C-Ways pour la Commission nationale des titres-restaurant, les restaurateurs restent les principaux bénéficiaires du dispositif, loin devant les grandes surfaces et commerces de proximité.

Alors que l'Assemblée nationale a adopté mercredi dans l'urgence la prolongation jusqu'à fin 2026 de la dérogation qui permet d'utiliser les titres-restaurant pour acheter tous les produits alimentaires, une étude de la société en marketing C-Ways pour la Commission nationale des titres-restaurant (CNTR) tente d'évaluer l'impact économique et social de ce dispositif en s'appuyant sur les chiffres de la CNTR et de l'Insee pour 2024 et 2023.

D'un point de vue économique, "chaque euro investi par les employeurs dans les titres-restaurant engendre 2,70 euros injectés dans l'économie locale", selon l'étude révélée par France info. Au total, 14 milliards d'euros ont directement bénéficié aux commerces et restaurateurs grâce au titre-restaurant en 2023.

Sur ce total, l'étude identifie "8,6 milliards d'euros pour la restauration traditionnelle ou rapide, principale bénéficiaire du dispositif". La grande distribution représente 2,9 milliards d'euros et les commerces de proximité 2,5 milliards d'euros chacun. Les titres-restaurant sont aussi "une source de revenus significative pour l'État, qui perçoit environ 3 milliards d'euros par an via la TVA, les cotisations sociales et patronales, ainsi que les impôts sur les sociétés et sur les revenus", selon l'étude. "Après déduction des exonérations spécifiques accordées, le bénéfice net pour l'État est estimé à 845 millions d'euros par an", souligne C-Ways.

76.000 emplois directs

Toujours selon cette étude, le dispositif est "un pilier pour l'emploi", soutenant 76.000 emplois directs dans le secteur de la restauration et moins de 7.500 dans le secteur de la distribution alimentaire. En cas de suppression du dispositif, C-Ways a calculé que 40.000 emplois pourraient disparaître.

Une suppression que craignent certains acteurs de la Commission nationale des titres-restaurant (CNTR) qui associe l'ensemble des parties prenantes au dispositif (employeurs, salariés, commerçants, émetteurs) et assure à la fois un rôle d'information, de décision et de contrôle.

"Si le titre-restaurant est un peu dévoyé de son objet, il y a le risque que la Cour des comptes revienne sur l'exonération" de charges, accordée spécifiquement pour financer le déjeuner de la pause méridienne du salarié, a expliqué à l'AFP Jean-Michel Rousseau, vice-président de la CNTR.

La prolongation jusqu'en 2026 de l'utilisation des titres-restaurant en supermarchés est en effet mal vécue par les représentants des restaurateurs. Romain Vidal, en charge du dossier des titres-restaurant pour le syndicat GHR au sein de la CNTR propose plutôt de "prolonger de six mois à un an parce que le but est de faire une loi, une réforme du tire-restaurant", a-t-il dit sur France info. "On estime qu'un an nous permettrait de remettre à plat le titre-restaurant parce que, en effet, il faut le modernier sur beaucoup de sujets. Deux ans c’est beaucoup trop", a-t-il ajouté.

P.L. avec AFP