Les PGE n'ont pas fait augmenter le risque de surendettement des entreprises bénéficiaires

Les entreprises bénéficiaires ont n'ont pas vu leur endettement net exploser. - Pixabay
Dispositif majeur du "quoi qu’il en coûte", les prêts garantis par l’Etat ont très vite trouvé leur public au début de la pandémie de Covid-19. Au total, un tiers des entreprises françaises y ont eu recours, selon une note de l’Institut des politiques publiques (IPP), soit "une fréquence de recours dix fois plus élevée que pour les programmes disponibles lors de la crise de 2008".
Depuis mars 2020, ce sont plus de 130 milliards d’euros de PGE qui ont été accordés pour permettre aux entreprises fragilisées d’éviter la faillite. Mais alors que 80% de ces prêts doivent commencer à être remboursés au second semestre 2021, certains s’interrogent sur la capacité des bénéficiaires à honorer leurs obligations.
"Ces prêts ont pris une telle ampleur que l’on a pu craindre que pour une grande partie des entreprises la charge de la dette devienne rapidement insoutenable", souligne l’IPP. De fait, si le remboursement ne devrait pas être un problème pour les entreprises qui ont souscrit un prêt par simple précaution, il pourrait en être autrement pour celles qui font face à un choc de trésorerie durable.
Qui sont les bénéficiaires des PGE?
Pour anticiper ces éventuelles difficultés de remboursement, l’IPP s’est penché sur le profil des bénéficiaires des PGE. Sans surprise, les entreprises les plus touchées par la crise ont été plus nombreuses à y recourir: elles sont 55% à avoir obtenu un PGE dans l’hôtellerie-restauration et plus de 45% dans l’industrie des matériels de transport. A titre de comparaison, ce taux n’est "que" de 20% dans le secteur de la finance et assurances.
Autre enseignement, ce sont les entreprises les moins rentables et les plus rentables avant la crise qui ont le moins bénéficié des PGE (un peu plus de 20% dans chacune de ces catégories, contre près de 40% dans les déciles de rentabilité 4 et 5). En effet, les premières se sont probablement vues refuser leur demande de PGE malgré la garantie de l’Etat, tandis que les secondes n’en ont tout simplement pas eu besoin.
Un endettement net stable
Reste à analyser la situation financière des entreprises qui ont emprunté via un PGE. Premier constat: l’endettement brut des entreprises bénéficiaires a augmenté d’environ 50% depuis le début de la crise quand celui des entreprises non bénéficiaires est resté stable.
Néanmoins, alors que la dette nette des entreprises non bénéficiaires a diminué, elle s’est stabilisée pour celles qui ont contracté un PGE et a très légèrement augmenté chez celles qui ont souscrit un PGE plafonné. Rien d’alarmant donc.
"Ce constat suggère que la majorité des entreprises a contracté un PGE principalement à des fins d’assurance, et a donc compensé l’accroissement d’endettement par un stock de liquidités équivalent", explique l’IPP. En outre, les entreprises ont pu bénéficier d’autres dispositifs de soutien (fonds de solidarité, reports et exonérations de charges..) leur permettant de préserver leur trésorerie.
Faible probabilité de faillite
En fixant des critères d’éligibilité particulièrement souples, le risque était que les PGE ne fassent que retarder la "vague de faillites" redoutée par certains, en particulier pour les entreprises "zombies". Mais "avec une moyenne inférieure à 1% entre mars 2020 et mars 2021, la probabilité de faillite s’est effectivement révélée très faible sur cette période", note l’IPP.
Surtout, ses travaux montrent que la probabilité de faillite des entreprises qui n’ont pas reçu de PGE est plus élevée (2,5%) que celle qui en ont bénéficié (moins de 1%). "Ces faillites moins nombreuses parmi les bénéficiaires d’un PGE peuvent révéler un effet protecteur du PGE : en apportant des liquidités autrement inaccessibles, le PGE permet de survivre à une crise d’illiquidité causée par la crise. Il peut aussi s’agir d’un effet de sélection: (…) les banques ont évité d’attribuer des PGE aux entreprises les plus risquées", relève l’IPP.