Pendant ce temps, AstraZeneca vaccine le reste du monde contre le Covid-19

Ce n'est qu'une question de semaines. Probablement d'ici la fin du mois de janvier, au moins la moitié des 7,8 milliards d'êtres humains auront reçu au moins deux doses de vaccins contre le Covid-19. Un score à la fois impressionnant – on parle de près de 4 milliards de personnes –mais aussi alarmant compte tenu des risques d'émergence de nouveaux variants.
Surtout, ce score cache de profondes disparités à travers le monde et surtout en Afrique, encore grande perdante. De nombreux pays peinent encore à vacciner leur population, parfois par manque de volonté politique, parfois par manque de moyens médicaux ou tout simplement faute de doses. Il n'empêche, c'est bien un vaccin mal aimé qui pourra permettre d'accélérer les campagnes de vaccination.
Boudé en Europe et en Amérique du Nord, le vaccin AstraZeneca est devenu une pierre angulaire de la vaccination dans le monde entier. En 2021, le laboratoire a livré 2,5 milliards doses, dans les mêmes proportions que l'Américain Pfizer ou le chinois Sinovac. Début janvier, les pays à revenu faible et intermédiaire ont reçu environ 3,6 milliards de doses. Près de la moitié de ces doses sont estampillées AstraZeneca.
L'UE n'a pas l'utilité des doses commandées
Plus facile à conserver, le vaccin suédo-britannique était d'ailleurs attendu comme la meilleure arme pour les pays où il est difficile de stocker à -70°C les précieuses fioles d'ARN messager, technologie utilisée par Pfizer et Moderna. Force est de constater que, malgré les critiques, il remplit parfaitement cet objectif d'autant qu'il est vendu à prix coûtant pour les Etats les plus pauvres ou même donné par les pays qui ne l'utilisent plus. Toujours tenu par un contrat, l'Union Européenne va d'ailleurs continuer à recevoir dans les prochains mois les doses commandées l'année dernière, qui seront redirigées vers les pays qui les attendent.
AstraZeneca a commencé à faire des profits
Alors que Pfizer et Moderna affichent des résultats financiers impressionnants depuis le début de l'année, AstraZeneca a signé ses premiers contrats lucratifs en novembre dernier. Avec un prix par dose fixé entre 4 et 8 dollars, il reste le moins cher du marché.
Les doses restantes et non utilisées en Europe ont déjà été données. Problème, certaines arrivent avec une date d'expiration trop proche, obligeant des pays à mettre certains lots à la poubelle. Récemment, le gouvernement du Nigéria a annoncé qu'il refuserait "poliment tous les dons de vaccins à courte durée de conservation ou ceux qui ne peuvent être livrés à temps".
Accélération en 2022
Reste que les livraisons aux pays pauvres restent très en-deçà des attentes. Le programme d'aides Covax attendait deux milliards de doses en 2021. Ce sera finalement moitié moins, au grand dam de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). La faute aux problèmes d'approvisionnement et au regain épidémique en Europe et Etats-Unis qui a bloqué une partie des doses promises en vaccins ARNm.
2022 pourrait enfin changer la donne. Le Serum Institute of India, plus grand fabricant de vaccins au monde, qui produit justement du AstraZeneca, a repris ses exportations après avoir longtemps fourni l'Inde. En octobre dernier, son patron promettait de "gros volumes" à l'export pour le début d'année 2020. D'autant que les doutes sur son efficacité contre le variant Omicron, moins dangereux que Delta, semblent en partie levés: le Royaume-Uni, largement vacciné avec AstraZeneca, présente peu de cas graves. En parallèle, Pfizer et Moderna promettent aussi des centaines de millions de doses pour l'Afrique, en attendant les lots de Valneva ou Novavax.