La promesse d'Emmanuel Macron pour son plan France 2030: moins d'argent mais plus de risques

Le discours était long, dense et ambitieux. Ce mardi matin, Emmanuel Macron a présenté son plan France 2030, un investissement de 30 milliards d'euros sur 5 ans censé permettre à la France d'opérer sa mue technologique et écologique.
Nucléaire, hydrogène, semi-conducteurs, agriculture… Le chef d'Etat veut transformer la France en jouant sur les innovations de rupture alors que le monde a accéléré sa transition énergétique depuis la crise sanitaire.
Beaucoup de belles promesses (parfois trop belles?) mais un budget qui semble très éloigné des besoins pour répondre à cette ambition. 30 milliards d'euros, c'est moins que le plan de relance de 100 milliards d'euros présenté l'année dernière. D'autant que la France consacre chaque année un plus de 2% de son PIB (environ 50 milliards d'euros) aux dépenses intérieures de recherche et développement.
Comment ce plan pourrait-il changer la donne? Emmanuel Macron espère d'abord être rejoints par les Européens pour des projets communs.
Surtout, il promet une méthode différente.
"Ce plan doit commencer vite" assure-t-il. "Dès le 1er janvier 2022, les premiers crédits seront budgétés avec une cible de 3 à 4 milliards d'euros."
Simplifier et accélérer
Avec un chiffon rouge agité par le chef d'Etat : "Le grand risque que nous avons, une fois qu'un tel plan est donné par le président de la République – je le dis pour l'avoir vécu – c'est que les acteurs en place disent: 'l'argent est là pour moi, je le reprends' et au fond, vous ne financez pas vraiment la rupture, il finance les habitudes".
Pour éviter le gaspillage et le saupoudrage, Emmanuel Macron insiste notamment sur la simplification des arbitrages. "On doit simplifier les gouvernances établies" explique-t-il. "Il y a beaucoup trop de commissions, de secrétariats, d'organismes etc. Nous avons un modèle français qui n'est plus adapté." Il faut assurer une "simplification de l'organisation du pilotage de France 2030" et une "simplification des procédures".
Deuxième axe: la rapidité de ces investissements.
"On met 4 à 5 fois plus de temps pour avoir les crédits qu'ailleurs. C'est mortel et éliminatoire pour un innovateur" souligne Macron qui prévient: "faire de la bonne science avec 6 mois de retard, cela ne sert à rien."
Parier quitte à se tromper
Enfin, le chef d'Etat veut surtout assumer la prise de risques.
"Il faut accepter de parier très vite sur des premiers projets, de leur permettre très vite même de se tromper" a-t-il souligné.
C'est même un axe majeur du plan sur lequel l'Elysée a longuement insisté, lors d'un point presse après le discours. Le plan France 2030 se veut "ambitieux" en faisant "différemment, plus vite en prenant des risques et en acceptant l'échec" abonde le palais.
En clair, l'exécutif veut faire le pari des projets les plus audacieux et innovants, plutôt que de financer des technologies déjà sur les rails. il s'agit de donner l'impulsion nécessaire à la recherche et aux startups pour amorcer la rupture attendue.
Reste un grand point d'interrogation, celui de la gouvernance du plan. Macron promet une "petite équipe" en mode "commando" qui sera finalisée d'ici la fin de l'année. Mais cette attente affiche déjà les limites de la volonté présidentielle: pour le moment, rien n'est formellement arbitré, dans les détails. Pour cela, il faudra… attendre.