La consolidation du secteur aéronautique est-elle trop lente ?

La consolidation du secteur aérien prend son temps, mais un peu trop pour Bruno Le Maire. "Le secteur se consolide trop peu, alors que les enjeux sont majeurs", a récemment déclaré le ministre de l'Economie. Un an après la mise en place du plan de soutien et la création d'un fonds d'investissement, Ace Aéro Partenaires, peu d'opérations ont été initiées. Elles ne sont que deux à avoir été menées à bien jusqu'à présent – le spécialiste nantais du forgeage du métal Aries Alliance, à l'automne dernier, et Figeac Aero il y a quelques jours avec une montée au capital de 35 millions d'euros.
Le fonds d'investissement, piloté par le gestionnaire de fonds Ace Capital Partners (ex-Ace Management, filiale de Tikehau Capital) et ses 750 millions d'euros, bras armé de la consolidation du secteur, n'est en effet pas encore sorti du bois.
Bruno Le Maire "a raison" de mettre la pression, a déclaré ce lundi matin Marwan Lahoud, président d'Ace Capital Partners, sur le plateau de BFM Business. "Quand l'activité baisse, voire disparaît, vous n'avez pas beaucoup de capitaux. Vous éteignez l'électricité, le chômage partiel vous permet de ne pas supporter les salaires, le PGE (prêt garanti par l'Etat, NDLR) permet de voir venir. Cette anesthésie, ce cataplasme nécessaire, il fallait le faire. (Mais cela) fait qu'il n'y pas eu d'opérations. C'est maintenant que ça démarre", a-t-il expliqué.
Ace Capital Partners devrait déployer "200 millions d'euros" d'ici la fin de l'année, a assuré son dirigeant. L’objectif du fonds d'investissement est que ces petites et moyennes entreprises de la filière aéronautique, vitales pour les grands donneurs d'ordre, se rassemblent et s'organisent pour atteindre une taille critique et la stabilité. Ace Capital Partners espère mener à bien, en cinq ans, entre cinq et huit grosses prises de participations et entre 10 et 20 investissements de soutien.
S'assurer que les entreprises sont prêtes
La difficulté de l'exercice c'est qu'avant de consolider, il faut bien s'assurer que les entreprises sont prêtes à l'être. Quel bilan financier? Quid de la dette? Quel type de consolidation? Et d'intégration? Par ailleurs, en raison du contexte économique, de nombreux patrons ont peur d'y perdre des plumes. Est-ce le bon moment, alors qu'on est pas encore sorti de la crise, et que les valorisations ne sont pas au plus haut dans le secteur? Cela suscite beaucoup d'interrogations chez les sous-traitants. Et, surtout, il faut que ces placements soient rentables dans le temps – c'est quand même le but d'un fonds d'investissement.
Un peu plus de 80 dossiers ont été analysés et des annonces sont attendues dans les prochaines semaines. On devrait bientôt avoir des nouvelles d'Aubert et Duval, sous-traitant majeur en négociation avec ACE, Safran et Airbus. Ce pourrait être aussi le cas pour Daher, Latécoère, Mechachrome ou Nexteam. Beaucoup de dossiers sont sur la table.