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Comment les relocalisations industrielles sont accélérées par les pénuries

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Les entreprises n'ont plus le choix, estime sur BFM Business, Olivier Wajnsztok, directeur associé du cabinet de conseil en achat AgileBuyer. Une nécessité poussée par les pénuries de matières premières.

68% des entreprises françaises sont aujourd'hui confrontées à des problèmes de pénurie de matières premières. Un phénomène qui semble s'installer et qui incite les organisations à accélérer leur relocalisation.

C'est une des conclusions de la dernière étude du cabinet de conseil en achat AgileBuyer, ces relocalisations sont désormais au coeur des préoccupations. Non pas pour répondre à la volonté politique du gouvernement mais bien pour des raisons purement pragmatiques.

"C'est une tendance lourde qui vient des pénuries", confirme ce mardi sur le plateau de Good Morning Business Olivier Wajnsztok, directeur associé de ce cabinet qui souligne que ces pénuries touchent "tous les secteurs".

Vraie volonté

"Aujourd'hui, il n'y pas le choix, il faut acheter plus proche pour une raison très simple. D'un côté, on a des fournisseurs qui ne livrent pas, et quand ils livrent, les containers sont bloqués dans les ports", résume notre expert.

"On n'est plus dans l'idéologie. On est passé d'un volontarisme mou (de relocaliser, NDLR) à une vrais volonté parce qu'il n'y pas le choix: il faut faire tourner la machine", poursuit le responsable. Pour autant, il ne s'agit pas de rapatrier tout en France.

"Il ne faut jamais mettre tous ses oeufs dans le même panier. C'est ce que font les industriels. Les entreprises disaient, on travaille mieux avec moins de fournisseurs, sauf qu'aujourd'hui, cette logique ne fonctionne plus, il faut sécuriser l'approvisionnement et avoir deux fournisseurs pour une matière", souligne Olivier Wajnsztok. Et de souligner que le rapport de force entre entreprises et fournisseurs s'est inversé: "les directions achats subissent des pressions phénomènales".

Intégration en amont

Certaines entreprises vont même plus loin en rachetant des sources de matières premières à l'image de Tesla qui s'est offert une mine de nickel, de Vuitton qui s'est emparé de fabricants de cuir et de tissus ou encore de Ferrero qui a décidé de planter des noisetiers en Italie.

"C'est un changement majeur qu'on vit. L'idée d'avant c'était de dire on va soustraiter au maximum, on soustraite ce qui n'est pas le coeur de métier. Aujourd'hui l'intégration en amont revient. On voit très clairement cette tendance arriver. C'est de la stratégie, c'est se dire, où est-ce que j'ai un risque d'approvisionnement?", explique le directeur associé.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business