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Cette start-up lorraine parie sur l'exploitation en Europe de gisements d'hélium

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La société 45-8 Energy, créée en 2017, croit au potentiel de l'hélium en sous-sol grâce à sa palette de technologies de prospection. Ayant repéré une zone propice en France, elle espère débuter l'exploitation du site courant 2021. Une première en Europe pour ce gaz utile, mais rare!

Peut-on en Europe exploiter de l'hélium venu du sous-sol? C'est l'ambition et la vocation de la jeune entreprise 45-8 Energy, originaire de Metz (Moselle). Fondée en 2017 par Nicolas Pélissier, président de la société, cette jeune société a pour objectif "l'obtention d'un permis exclusif de recherches en 2020". Ses associés ont repéré un gisement exploitable dans la Nièvre, pour lequel la société a déposé un permis d'exploration, explique cet ingénieur qui fut cadre durant 11 ans chez Total.

"L'essentiel de l'hélium utilisé en Europe provient des États-Unis où se trouvent 22 des trente sites mondiaux de production et le transport représente les deux tiers de son coût. Il est importé à 100% pour couvrir les besoins de l'Europe, donc il est intéressant de produire de l'hélium en Europe et pour le marché européen", explique ce chef d'entreprise.

Indispensable à l'imagerie médicale IRM et RMN, aux semi-conducteurs, aux fibres optiques et aux ballons dirigeables, l'hélium constitue un gaz noble, précieux par ses usages, mais rare sur la Terre. Il est présent sous forme fossile dans quelques gisements de gaz naturel aux Etats-Unis, en Algérie et au Qatar. Cette rareté, alors qu'il est toujours autant demandé, explique que ce gaz a vu son prix tripler en 5 ans, frôlant les 10 euros le mètre cube en 2018 (cf infographie ci-dessous).

Partant du constat que l'exploration est le chaînon manquant en Europe, 45-8 Energy cherche à valoriser les sources naturelles riches en hélium proches de la surface terrestre, tout en repérant des gisements enfouis profondément.

Pour détecter les gisements de ce précieux gaz avant tout le monde, la jeune société lorraine a développé sa propre palette d'outils et de techniques d'exploration qu'elle a dû "inventer". Elle s'est associée pour ce faire avec des spécialistes de l'imagerie satellitaire et des drones, des industriels (Total, Air Liquide) et l'université de Lorraine.

Sur le terrain, ses géologues utilisent aussi des canules plantées à 1 mètre de profondeur. Ils ont aussi à leur disposition un capteur spécifique, fruit de ses travaux de recherche, pour détecter des émissions de gaz, sorte de "fuites" naturelles à travers la roche, qui constituent autant d'indices de la présence d'hélium en sous-sol.

La jeune entreprise a déposé en 2019 un premier permis exclusif de recherche sur une surface terrestre de 251 kilomètres carrés dans la Nièvre.

"On cherche à valoriser des flux associés à des sources hydrothermales qui affleurent en surface" explique le fondateur de 45-8 Energy. Son objectif est de débuter la production en 2021 avec des captages ressemblant à des puits à eau. En surface, l'exploitation aura la "taille d'un hangar agricole", comme un "mini-site industriel", selon Nicolas Pelissier, qui précise que l'impact environnemental de l'exploitation sur le sous-sol serait nettement moindre qu'une installation de géothermie.

Son modèle économique repose sur la commercialisation de l’hélium sous forme gazeuse. Celui-ci pourra être livré directement à des acteurs du secteur du gaz ou directement à certains clients finaux industriels par des camions dédiés, équipés de remorques transportant du gaz sous pression.

La société lorraine, encore petite avec ses 6 salariés, prévoit de doubler son effectif d'ici l'été 2020. Pour financer ses projets, elle est sur le point de boucler une levée de fonds de deux millions d’euros d'ici fin février.

Frédéric Bergé