Avions de patrouille maritime: l'Allemagne lâche-t-elle la France pour les Etats-Unis?

Alors que la France et l'Allemagne menaient un programme pour créer dès 2035 le MAWS, un avion de patrouille maritime, le Bundestag confirme un budget de 1,43 milliard d'euros en signant avec Boeing pour 30 ans.

La coopération militaire franco-allemande n'est pas un long fleuve tranquille, les deux pays naviguent parfois en eaux troubles. Le Bundestag a confirmé un budget de 1,43 milliard d'euros pour l'achat pour sa marine de cinq P-8A Poseidon à Boeing en remplacement dès 2035 des Atlantique 2 et des Lockheed P-3C Orion de sa Marine.

Ce contrat, qualifié de "solution provisoire" par les élus allemands, porte un coup à un accord passé en 2017 entre Emmanuel Macron et Angela Merkel puis discuté en 2018 entre Florence Parly et son homologue allemande à l'époque, Ursula von der Leyen, devenue présidente de l'Union européenne. Ce programme visait à créer pour 2035 le Maritime Airborne Warfare System (MAWS), un avion de patrouille maritime franco-allemand.

"L'Allemagne a roulé la France dans la farine"

En signant ce contrat avec les Etats-Unis, "l'Allemagne a roulé la France dans la farine", comme l'explique La Tribune. En effet, malgré les explications allemandes pour tenter de ne pas créer de tensions avec son voisin européen, le département d'Etat américain indique clairement que la vente des Poseidon "permettra à l'Allemagne de moderniser et de maintenir sa capacité d'aéronefs de surveillance maritime (MSA) au cours des 30 prochaines années".

Mais surtout, les discussions entre les Etats-Unis et l'Allemagne se sont déroulées sans même prévenir la France, comme l'avait dévoilé Florence Parly à La Tribune. Paris n'a appris la nouvelle que lorsque Washington a donné en mars dernier l'autorisation à Boeing de vendre à l'Allemagne cinq 737 militarisés pour devenir des avions de patrouille maritime.

Ce "n'est pas un bon signal"

La France avait pourtant tenté de rattrapé le coup en proposant à Berlin d'utiliser les Atlantique 2 rénovés. Face à cette proposition, l'Allemagne a fait la sourde oreille en poursuivant discrètement ses discussions avec les Etats-Unis.

"Nous avons légitimement pensé que cette proposition était intéressante et, qui plus est, s'inscrivait dans une démarche cohérente dans laquelle nous sommes déjà engagés avec les Allemands avec le C-130, dans le cadre de l'escadron franco-allemand de C-130 à Evreux", avait précisé Florence Parly.

Contacté par La Tribune après le vote du Bundestag, le ministère des Armées dit étudier "les suites à donner à ce projet de coopération". L'Hôtel de Brienne ajoute que ce contrat "n'est pas un bon signal" et annonçant qu'une "décision viendra dans les prochaines semaines".

https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco