GNL, diversification: pourquoi les stocks français de gaz sont déjà pleins

La France ne devrait pas manquer de gaz cet hiver. Voilà ce qu'annoncent les gestionnaires des réseaux de transport de gaz. Il faut dire que les stocks sont plein à 95% selon GRTgaz, un haut niveau que l'on doit à une nouvelle politique d'approvisionnement qui a porté ses fruits.
D'abord la France a diversifié ses sources d'approvisionnement. La part de gaz fournie par l'Algérie a augmenté, celle de la Norvège aussi. Ce pays est d'ailleurs devenu le premier fournisseur de l'Europe par gazoduc.
Et dans le même temps, au 2e trimestre, les achats de gaz russe ont continué à chuter, avec près de 15 points en moins sur un an dans les importations totales de l'Union européenne.
Mais c'est surtout les importations de GNL qui ont progressé. Depuis l'invasion de l'Ukraine, l'Europe a augmenté de 70% ses achats de gaz naturel liquéfié, principalement en provenance des Etats-Unis.
"La France est capable de faire face"
Les Etats-unis sont devenus aujourd'hui, et de loin, le premier fournisseur de l'Union européenne en GNL avec 46% des importations. Il faut néanmoins rappeler que la Russie, se maintient en deuxième position puisque le GNL russe n'est pas frappé par les sanctions internationales.
Sur BFM Business ce mardi, Thierry Trouvé, Directeur général de GRTGaz met également en avant l'ouverture "prochaine" du nouveau terminal flottant méthanier au Havre, "un point d'entrée supplémentaire" ainsi que la sobriété des Français en matière de consommation de gaz.
Rappelons que cette consommation a baissé de 10% l'an passé. "On a regardé dans nos simulations ce qui se passerait s'il y a une petite reprise de la consommation, la situation serait un peu plus tendue mais ça passe" poursuit-il.
Bref, "la France est capable de faire face" souligne le responsable, quelque soit le scénario hivernal.
Si la France devrait donc passer l'hiver sans encombre, sauf événement exceptionnel, les incertitudes restent nombreuses pour 2024.
Il y a évidemment la situation en Israël qui pourrait avoir des conséquences sur les approvisionnements. Il faudra aussi bien observer ce que feront les Etats-Unis après l'élection de 2024 en cas de victoire du parti républicain. Cet approvisionnement massif de l'Europe a fait grimper les prix outre-atlantique et une nouvelle administration pourrait décider de fermer les vannes du GNL.
Incertitudes
Mais pour Thierry Trouvé, "la France a un approvisionnement qui est toujours très diversifié" avec la Norvège, l'Algérie, le Qatar, les Pays-Bas ce qui devrait permettre de lisser cette éventualité.
Cela étant dit, l'Europe et la France vont pouvoir compter dans les prochaines années sur plusieurs évolutions du marché.
Les importations en provenance d'Algérie devraient continuer de monter en puissance et malgré le contexte géopolitique, l'Azerbaidjan devrait également doubler ses exportations vers l'Europe d'ici 2027.
Côté GNL, plusieurs gros projets gaziers vont bientôt voir le jour, notamment au Mozambique, au Qatar et aux Etats-Unis.
Des projets qui devraient faire grimper la production mondiale dans les prochaines années. A tel point que certains experts estiment même qu'il y aura trop de GNL sur la planète à moyen terme, ce qui fera baisser les prix.