Comment le gouvernement veut sécuriser l'approvisionnement en gaz pour l'hiver

"Nous prenons le maximum de mesures tout de suite, en anticipation". Invitée sur BFM business jeudi, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a assuré que le gouvernement était à la manœuvre pour garantir l’approvisionnement en gaz de la France l’hiver prochain alors que la Russie a cessé ses livraisons.
L’exécutif compte d’abord sur des stocks bien remplis: "On assure le remplissage maximal de nos capacités de stockages. On vise d’être proche de 100% au début de l’automne", a déclaré la Première ministre Elisabeth Borne jeudi. Un remplissage d’autant plus nécessaire que la production d’électricité d’origine nucléaire est perturbée par la mise à l’arrêt d’un certain nombre de réacteurs.
Concrètement, le gouvernement va demander aux opérateurs de stockage d'acheter eux-mêmes du gaz pour remplir les réserves, en complément des achats effectués par les fournisseurs de gaz. Ces entreprises de stockage bénéficieront d'une "garantie financière" publique, a-t-on expliqué à Matignon.
Remplir les réserves "va devenir de plus en plus difficile"
Les opérateurs ont théoriquement pour obligation de remplir ces réserves à seulement 85% au 1er novembre. Les stockages de gaz sont remplis à 59% actuellement, contre 46% à la même date l'an passé. Leurs capacités maximales couvrent environ 28% de la consommation nationale.
Remplir en quasi-totalité les capacités de stockages ne sera toutefois pas si simple. "Cela va devenir de plus en plus en difficile à remplir parce qu’il n’y a plus de gaz russe et tout le monde en Europe cherche à refaire ses réserves en même temps", a réagi sur BFM Business Didier Julienne, spécialiste des ressources naturelles.
Une mission d’autant plus délicate que la France a deux voisins, l’Allemagne et l’Italie, qui consomment respectivement "2 fois plus et 1,5 fois plus de gaz" qu’elle et sont dans la "même situation de devoir constituer des réserves", a-t-il ajouté.
Réduire la consommation de 10% en 2 ans dans les entreprises
Le gouvernement souhaite également aller vers la sobriété énergétique en réduisant la consommation d’énergie de 10% en deux ans dans les entreprises et administrations publiques. Pour ce faire, trois groupes de travail seront lancés en lien avec les partenaires sociaux.
"On va se mettre autour d’une table" et essayer d’identifier "les leviers pour réduire notre consommation", a précisé Agnès-Panniers Runacher, évoquant une adaptation de "l’organisation des mètres carrés" et de "l’organisation du travail", avec la possibilité de "jouer sur les horaires d’arrivée et de départ" afin d'étaler la consommation d’électricité.
Un nouveau terminal méthanier
A moyen terme, la France mise aussi sur le lancement d’un "nouveau terminal méthanier pour accroître notre capacité à nous approvisionner en gaz qui n’est pas dépendant de la Russie", a fait savoir Elisabeth Borne.
Ce nouveau terminal méthanier flottant (dit FSRU) au Havre, porté par TotalEnergies, doit venir de Chine et être raccordé dans le port normand pour une mise en service en septembre 2023. Le gouvernement vise un début des travaux dès le début de cet automne pour que la barge soit disponible l'hiver 2023/24.
Ce projet, qui était déjà évoqué depuis plusieurs mois, doit permettre à la France d'importer encore plus de gaz naturel liquéfié (GNL). Elle compte actuellement quatre terminaux d'importation de GNL, à Fos-sur-mer (deux terminaux), Montoir-de-Bretagne et Dunkerque.