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Défense

Vente de Rafale Marine à l'Inde: comment la France est devenue un géant de l'armement

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À l’occasion de sa venue officielle en France, le premier ministre indien Narendra Modi a validé le principe d’achat de plusieurs types d’armements made in France: trois sous-marins de Naval Group et 26 nouveaux Rafale.

Encore un contrat en or pour le fleuron des avions de chasse de Dassault. Alors que l’armée de l’Air indienne exploite déjà 36 Rafale, c’est au tour de la marine de s’équiper. La France coiffe ainsi au poteau les Etats-Unis qui avaient candidaté avec le F/A-18 Super Hornet de Boeing.

Le contrat estimé entre 3 et 4 milliards d’euros, porte donc sur 26 Rafale monoplace qui devraient équiper le porte-avion INS Vikrant.

Il s'agit d'un retournement inattendu après des années de vache maigre et de déconvenues pour cet avion de chasse arrivé au sein des forces armées tricolores dès 2004. Jusqu'à 2014, la France n’était parvenue à vendre aucun Rafale à l’étranger.

Un succès commercial pour le Rafale

Mais depuis, c'est un enchaînement de succès. Si ce nouvel accord avec l’Inde aboutit, cela portera à 310 le nombre de Rafale vendus à des puissances étrangères ces neuf dernières années. Avec 62 chasseurs, l’Inde deviendrait même, après les Émirats, le 2ème pays étranger le mieux équipé en Rafale.

Et le Rafale, c’est surtout l’étendard d’une industrie française de l’armement florissante. Le pays est même peut-être en passe de devenir le 2ème exportateur mondial d’armes. Selon le centre de recherche suédois Sipri, la part de marché de la France est celle qui a le plus progressé ces dernières années. Et avec la mise au ban de la communauté internationale de la Russie, Paris pourrait dépasser Moscou dans les prochaines années.

Un rayonnement historique

Ce rayonnement de l'armement made in France à l'international s'explique tout d'abord par un savoir-faire historique. Durant la Première guerre mondiale, l'Hexagone produisait le canon 75 considéré comme le meilleur du monde. Il avait un recul tellement faible que la légende raconte qu’on pouvait y poser un verre d’eau dessus sans qu'il ne tombe.

Mais le succès de l’armement français est aussi celui de la diplomatie tricolore. Les industriels français n’ont pas le droit de vendre des armes à l’étranger sans une autorisation du gouvernement.

C’est en effet un enjeu de souveraineté totalement lié à notre politique étrangère qui est totalement pilotée par l’exécutif français depuis le général De Gaulle. L'exportation d'armement représente ainsi une manière de poursuivre une politique de puissance à l'heure où la France occupe moins de place sur la scène géopolitique.

Une stratégie qui coûte parfois cher puisque l’Etat prête de l’argent à certains pays insolvables pour acheter des armes françaises. Elle implique aussi, parfois, de passer des contrats avec des démocraties inabouties… Mais c’est le prix que l'Etat français accepte de payer pour rester une grande puissance.

Frédéric Bianchi