14,5 milliards d'euros par an: la France doit-elle relancer un service militaire obligatoire?

Des jeunes faisant le SNU à Saint-Sauveur en 2019 - SEBASTIEN BOZON / AFP
Emmanuel Macron l'avait écarté lors de ses vœux aux armées en janvier 2025: le service militaire obligatoire ne sera pas rétabli. Il avait en revanche souhaité que des propositions lui soient faites "avant le mois de mai" pour "permettre à une jeunesse volontaire d'apprendre avec les armées et d'en renforcer les rangs".
C'est dans cette perspective que le Haut-commissariat au Plan et France Stratégie publient une note sur les différentes options à envisager pour renforcer la cohésion nationale d'une classe d'âge.
Selon le document consulté par France Info, l'instauration d'un service militaire obligatoire, supprimé en 1997 par Jacques Chirac, coûterait entre 7 et 14 milliards d'euros par an pour 600 000 jeunes: 7,2 milliards s'il ne concerne que les hommes, 14,5 milliards s'il est mixte.
Un service militaire volontaire de six mois pour 70.000 jeunes de 18-25 ans coûterait 1,7 milliard d'euros par an. Quant au coût d'un service civil obligatoire ciblant 600.000 jeunes de 15-17 ans ou de 18-25 ans, il est évalué entre 1,7 et 3,5 milliards d'euros par an.
Un sondage IPSOS-CESI Ecole d'ingénieurs mené pour le Parisien en mars révélait que 33% des personnes interrogées se disaient en faveur d'un service militaire volontaire, 32% pour la version obligatoire mixte.
Des options mixtes
Interrogé par TF1 ce lundi, le Haut-commissaire au Plan Clément Beaune indique qu'une solution hybride, "à la fois civile et militaire (…) pourrait créer un creuset commun" pour toute une génération.
Deux propositions sont formulées dans le rapport, précise France Info: un service civil obligatoire comprenant 12 jours de cohésion puis un choix entre service militaire de trois mois ou service civique de 5 mois. Autre hypothèse: 12 jours de cohésion, puis cinq mois de service civique, suivis d'un service militaire volontaire de trois mois.
Ces dispositifs seraient moin coûteux et moins chers pour les armées, qui doivent assurer l'organisation et l'accompagnement des jeunes, selon Clément Beaune.
Muscler le SNU
Selon France Info, le Haut-commissariat au Plan évoque par ailleurs la possibilité mobiliser davantage autour du Service national universel (SNU) et quintupler les effectifs, pour atteindre 200.000 jeunes de 15 à 17 ans par an, pour un coût de 600 millions par an.
Déployé depuis 2019, ce dispositif est loin d'avoir fait ses preuves. Un rapport de la Cour des comptes publié en septembre 2024 relève que "les conditions de mise en œuvre du dispositif sont insatisfaisantes".
"Force est de constater qu'en matière de mixité sociale comme d'engagement, les ambitions du dispositif ne sont pas atteintes", précise la Cour des comptes.
Le SNU devait être généralisé à la rentrée 2026, mais le contexte politique et le manque de visibilité sur les résultats concrets du dispositif semblent jouer en défaveur du dispositif.
Dans l'entretien accordé à TF1, Clément Beaune évoque un recours au referendum pour statuer sur la généralisation du service civique, une consultation qui ne concernerait pas le volet militaire.