"Ce n'est pas surprenant": 45% des salariés en France sont en détresse psychologique, selon un sondage

Une personne se tient la tête devant un ordinateur. (Photo d'illustration) - Andrea Piacquadio/Pexels
La santé mentale, grande cause de 2025. Au travail aussi? Stress, épuisement, anxiété... Les salariés français semblent ne pas se porter au mieux, selon un sondage Opinionway conduit entre février et mars 2025 pour Empreinte Humaine.
Les 2.030 salariés représentatifs interrogés sont 45% à faire part d'une situation de détresse psychologique, en hausse de 3% par rapport à l'an passé. Ce sont même 13%, soit plus d'un sur dix, qui font face à une détresse psychologique élevée, un total en recul de deux points sur un an. Deux populations sont particulièrement vulnérables: les femmes et les trentenaires, selon ce baromètre.
"La 'détresse psychologique' chevauche à la fois des symptômes de dépression et d’épuisement. Lorsqu’elle n’est pas traitée, elle risque d’entraîner des problèmes de santé plus graves tels que diverses maladies psychosomatiques, l’hypertension artérielle, différents troubles anxieux, la dépression sévère et des troubles addictifs", expliquent les commanditaires du sondage.
Et cette situation préoccupante n'est pas uniquement le fruit de situations personnelles hors du cadre de l'entreprise. Pour 70% des cas mentionnés précédemment, cette situation est perçue comme au moins en partie liée à leur activité professionnelle.
"Ce n'est pas surprenant. Ce sont des chiffres que l'on entend régulièrement. Il faut cependant bien différencier les trois états identifiés par l'Organisation mondiale de la santé. Le bien-être, ou l'absence de trouble. La détresse, où l'on ne va pas bien psychologiquement sans qu'il n'y ait à proprement parler de maladie. Et le trouble mental, au sens médical du terme", explique à BFMTV.com Patrick Légeron psychiatre, auteur du rapport de l'Académie de médecine sur le burn-out.
De nombreux cas de burn-out
"Chez les salariés, le taux de burn-out reste stable et préoccupant", s'inquiète Empreinte Humaine, avec un salarié sur trois se déclarant en burn-out, le syndrome d'épuisement professionnel. Parmi ceux-ci, 10% présentent les signes d'un "burn-out sévère", en baisse d'1% sur un an.
Un chiffre qui mérite tout de même une distance pour Patrick Légeron, qui estime que beaucoup de personnes attribuent à tort et à travers l'étiquette de burn-out:
"Le problème du burn-out, c'est que c'est devenu un terme à la mode. Les gens, dès qu'ils ont un coup de blues, dès qu'ils ne sont pas bien dans leur peau, dès qu'ils sont fatigués, ils disent 'je suis en burn-out'".
Le spécialiste explique que, chaque année, jusqu'à 500.000 nouveaux cas de burn-out sont diagnostiqués. Mais que cette description doit être le fruit d'un regard médical, pas d'une déclaration sur la base d'un questionnaire.
Les chiffres relatifs aux maladies psychiatriques induites par l'activité professionnelle ont fait l'objet d'une étude pluriannuelle de Santé publique France. "Environ 2% des salariés ont une souffrance psychique en lien avec le travail", explique l'agence de santé référente. Il est rappelé les lourdes conséquences de ce mal-être induit par l'activité: handicaps, décès prématurés, discrimination, etc.