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La France pourra-t-elle bloquer l'accord UE-Mercosur? La ministre de l'Agriculture accuse la Commission européenne de vouloir "passer en force"

La ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Annie Genevard, le 21 mai 2025 dans le département du Tarn-et-Garonne (photo d'illustration).

La ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Annie Genevard, le 21 mai 2025 dans le département du Tarn-et-Garonne (photo d'illustration). - Valentine CHAPUIS / AFP

S'exprimant aux côtés de son homologue polonais, Annie Genevard a assuré que plusieurs États membres avaient "fait part de leur forte préoccupation" au sujet du projet d'accord commercial entre l'UE et le Mercosur.

La ministre française de l'Agriculture, Annie Genevard, a haussé le ton jeudi contre la Commission européenne qu'elle accuse de vouloir "passer en force" sur le projet d'accord commercial entre l'Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur, mais l'incertitude plane quant à la capacité de la France à bloquer cet accord commercial. La ministre de l'Agriculture s'exprimait aux côtés de son homologue polonais Czeslaw Siekierski, qui partage ses inquiétudes

"Les inquiétudes sont vives parce que la Commission [européenne] veut passer en force. C'est très grave. Les États n'ont pas été véritablement associés à la négociation. Les agriculteurs encore moins", s'est insurgée Annie Genevard.
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"Nous sommes rejoints dans notre combat par la Hongrie, l'Autriche, l'Irlande, les Pays-Bas, la Roumanie, l'Italie, qui ont fait part de leur forte préoccupation. Il faut que la Commission ait la majorité qualifiée pour pouvoir faire adopter ce texte. Ce n'est pas gagné", a-t-elle ajouté, citant aussi l'engagement de la Belgique. Ces pays ont émis des réserves mais tous n'ont pas clairement indiqué s'ils s'abstiendraient ou s'ils voteraient contre.

En attendant la décision italienne

La minorité de blocage – au moins quatre États membres du Conseil, représentant plus de 35% de la population de l'Union européenne - ne semble donc pas acquise à la ministre, qui affirme depuis des semaines en être proche, tout en étant "sûre de rien", et a multiplié les déplacements pour bloquer l'adoption du traité commercial entre l'UE et les pays du Mercosur. Les regards se tournent vers l'Italie, poids lourd dans le vote, qui n'a pas clairement indiqué sa décision

"Nous pourrions faire une déclaration commune [avec le ministre italien, ndlr] ce vendredi à Rome. L'Italie a les mêmes réserves que nous", a affirmé Annie Genevard.

Un responsable européen a affirmé mardi que la "proposition pour une signature et une conclusion serait adoptée par la commission avant la fin du mois" de juin. "Certains parlent du 30 juin, on ne sait pas. Mais en tout cas, si la commission d'aventure avait la tentation de passer rapidement et en force, elle nous trouvera (...) sur son chemin", a menacé la ministre, ajoutant que cela "exposerait évidemment la présidence de la Commission" et serait susceptible de "remettre les agriculteurs dans la rue".

"Quel sens aurait une décision prise par la Commission [européenne] alors même qu'une majorité n'y serait pas favorable?", a-t-elle encore déclaré, alors qu'elle affirme "tutoyer" la "minorité de blocage" et non la majorité.

J. Br. avec AFP