En 2020, la France aura emprunté 260 milliards d'euros

Le dérapage s'explique principalement par la contribution de l'Etat à la dette, qui a augmenté de 49,5 milliards d'euros. - Bertrand Guay - AFP
2020 sera une année sans précédent en matière de levée de dette souveraine pour la France. Et ce, à double titre.
Cette année en effet, l’Agence France Trésor (AFT) qui dépend de Bercy aura levé la bagatelle de 260 milliards d'euros de dettes à moyen et long terme. Un montant bien supérieur aux 205 milliards d'euros prévus en début d'année mais la crise du covid est passée par là, faisant exploser les dépenses de l'Etat à partir de mars pour soutenir les entreprises et protéger les salariés.
En valeur absolue, c'est un record qui aurait de quoi inquiéter quand on sait que la dette de l'Etat devrait représenter presque 120% de la richesse nationale cette année. Là encore c'est un record.
260 autres milliards d'euros seront levés l'an prochain
Mais comme depuis plusieurs années maintenant (2008 pour être précis), la dette française, jugée sûre, attire les investisseurs. Au point que l'AFT n'a jamais rencontré la moindre difficulté à en lever. Une situation renforcée par les opérations massives de la Banque centrale européenne sur les rachats de dettes souveraines.
Mieux, en moyenne sur l'année, les emprunts ont été réalisés à taux négatifs: -0,30% en moyenne toute maturité confondue (et même -0,49% en novembre). C'est la première fois qu'une moyenne négative aussi élevée est observée sur une année complète. C'est "un record historique", commente Anthony Requin, le patron de l’AFT au Figaro. Le précédent datait de 2019 avec une moyenne négative de -0,12%. A titre de comparaison, dans les années 2000-2010, le taux tournait autour des 3/4%.
Non seulement la dette française attire, mais les investisseurs sont donc prêts à rémunérer la France pour en obtenir. Et cette situation devrait perdurer puisque la BCE va maintenir sa politique accomodante. De quoi permettre à l'AFT de rester sereine sur ses objectifs de 2021, à savoir de lever 260 milliards d'euros sur les marchés.