BFM Business
Economie

ÉDITO. Michel Barnier va-t-il dégainer son premier 49.3, ou tenir 40 jours?

placeholder video
Après un premier passage en commission des Finances, le budget arrive ce lundi en examen dans l’Hémicycle, sans que l’on sache ce que compte faire le gouvernement.

C’est la grande question qui agite au sommet de l’État: faut-il dégainer un 49.3 dès cette semaine ou laisser vivre le débat parlementaire, au risque de se prendre baffe sur baffe dans l’Hémicycle? Michel Barnier a laissé entendre ce week-end qu’il était plutôt favorable à la seconde option… En tout cas pour l’instant.

Mais la vérité, c’est qu’après le délire fiscalopathe du NFP en commission des Finances, le pire est à craindre pendant l’examen en séance publique, qui commence ce lundi à l’Assemblée.

Deux options s’offrent à Michel Barnier. Soit il dégaine un 49.3 après avoir laissé vivre le débat quelques jours. Mais comme Elisabeth Borne il devra alors le ressortir à chaque lecture, soit une dizaine de fois, et sera accusé comme sa prédécesseure de déni de démocratie.

Soit il s’engage dans une autre voie, plus rock’n’roll: faire traîner le débat pendant plus de 40 jours pour que le budget soit constitutionnellement contraint de partir au Sénat dans sa copie originale. Et il pourrait n’utiliser le 49.3 que deux fois, en toute fin d’année, une fois pour le vote final PLF, l'autre pour le PLFSS.

Seulement voilà, un mois à se prendre des baffes tous les jours à l’AN ; c’est un peu long.

L’Edito de Raphaël Legendre : Budget, un 49.3 inévitable pour Barnier ? - 21/10
L’Edito de Raphaël Legendre : Budget, un 49.3 inévitable pour Barnier ? - 21/10
3:58

Quand y verra-t-on plus clair?

On en saura probablement davantage dans les prochains jours, mais en attendant, trois leçons politiques peuvent être tirées de ce début d’examen budgétaire pas comme les autres:

· 1/ Le bougé du RN vers un positionnement de plus en plus pro-business est assez spectaculaire. Défense contre le trop-plein de normes, de taxes, ils ont plaidé pour une baisse de la CVAE... On est loin de la ligne d’antan, et de plus en plus proche de celle du macronisme des débuts. C’est assez saisissant.

· 2/ Phagocyté par La France insoumise, le PS lui a voté toutes les hausses d’impôts et semble avoir définitivement quitté le camp de la raison. Une ivresse fiscale qui a parfois contaminé jusqu’au Modem, son chef de file Jean-Paul Mattei votant régulièrement avec l’extrême gauche.

· 3/ Le NFP a aussi montré pour la seconde fois, après la motion de censure avortée d’Olivier Faure, que contrairement à ce qu’il prétendait, il n’est pas en capacité de faire voter quoi que ce soit l’Assemblée, au grand dam du président de la commission des finances Éric Coquerel qui aurait pourtant aimé démontrer le contraire.

Reste un mystère, celui de la ligne économique du gouvernement, qui souhaite toujours modifier ce budget, mais sans que l’on sache vraiment sur quel pied il compte danser.

Un mystère qu’il va falloir lever rapidement. L’Europe comme les marchés nous regardent de près. Vendredi, ce sera autour de Moody's de dévoiler sa note sur la France.

Raphaël Legendre