Suppression d'un jour férié: Michel Barnier "très réservé" sur cette idée "complexe à mettre en oeuvre"

Le Premier ministre Michel Barnier à Paris, le 13 novembre 2024 - Ian LANGSDON © 2019 AFP
Interrogé par le journal Ouest-France, Michel Barnier a exprimé mercredi être "très réservé" à l'idée de supprimer un jour ferié. Une initiative qu'il considère "complexe à mettre en oeuvre" et dont il n'est "pas sûr qu'elle rapporte ce que certains prétendent".
"Ce qui est en jeu, c’est qu’il y ait davantage de Français qui travaillent. C’est en outre par le dialogue social, auquel j’attache beaucoup d’importance, que ces problématiques doivent être abordées" explique le premier ministre.
L'idée d'une deuxième journée de solidarité est portée par des sénateurs républicains, dans l’objectif de ramener de nouvelles recettes à la Sécurité sociale. Cette initiative faisait partie des principales recommandations d’un rapport de la commission des affaires sociales, fin septembre, afin de financer la prise en charge des personnes âgées dépendantes.
Un rendement entre 2,4 et 3,3 milliards d'euros par jour ferié travaillé
Une première journée de solidarité a été lancée en 2004, afin de financer en partie l’autonomie des personnes âgées. La canicule de 2003 a été le déclencheur de cette initiative.
Selon la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, les employeurs participent à hauteur de 0,3% de leur masse salariale. Le montant de cette contribution de solidarité pour l'autonomie (CSA) s'élevait l'an passé à 2,4 milliards d'euros, selon la caisse nationale qui gère la branche autonomie de la Sécurité sociale. Il faut ajouter à cette somme 0,9 milliards d’euros, puisque la loi en 2013 a étendu cette contribution de 0,3 % aux pensions de retraité et d’invalidité.
Certains saluent l'initiative d'instaurer une seconde journée de solidarité, comme Laurent Saint-Martin, ministre du Budget, qui s'est dit ouvert à une discussion parlementaire sur la question.
"Je pense que tout ce qui permet à notre pays de montrer qu'on peut travailler davantage pour participer à l'effort de redressement va dans le bon sens" a dit Laurent Saint-Martin.
Antoine Armand y est ouvert aussi, comme il l’exprime dans un entretien aux Échos : " Ouvrons le débat. L’objectif doit être, en tout cas, d’accroître le nombre d’heures travaillées sur l’année, pour pouvoir financer notre modèle de protection sociale auquel nous tenons tous."
Mais l'idée ne fait pas l'unanimité.
"Mon groupe rejette cette idée totalement. C’est une mesure injuste, qui reposerait uniquement sur les salariés. Ce n’est pas la bonne solution pour trouver de nouvelles recettes", s’insurge la sénatrice socialiste Corinne Féret.
La rapporteure écologiste, Anne Souyris, critique le fait que cette mesure ne concerne que les salariés. Elle préconise plutôt un relèvement de la CSG, qui frappe l’ensemble des revenus, y compris ceux du patrimoine et du capital.
"On a déjà eu une réforme des retraites, trois réformes de l'assurance-chômage, une réforme du Code du travail, le gel des salaires dans le privé et le public, donc il faut arrêter de se moquer du monde", réagit Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT interrogée par France 2.