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Pourquoi le nombre de ménages surendettés recule en France

L'an passé, plus de 223.000 dossiers de surendettement ont été déposés auprès de la Banque de France.

L'an passé, plus de 223.000 dossiers de surendettement ont été déposés auprès de la Banque de France. - Damien Meyer - AFP

Après une forte hausse au début des années 2010, le surendettement a poursuivi son recul en 2021. Les femmes et les jeunes sont toujours les plus touchés, note la Banque de France.

Des Français de moins en moins surendettés. C'est le bilan que vient de dévoiler la Banque de France dans son enquête typologique annuelle sur le surendettement des ménages.

En 2021, le nombre de dossiers de surendettement déposés a baissé de 15 % par rapport à 2019. Près de 121.000 dossiers ont été déposés au cours de l’année, dont environ 56% par des personnes ayant eu recours à la procédure pour la première fois.  

"Ainsi, la crise sanitaire n’a pas donné lieu à une reprise du surendettement des ménages, note la Banque de France. L’évolution des dépôts entre 2019 et 2021 poursuit la tendance baissière amorcée depuis 2015. Cette diminution s’explique notamment par une réduction tendancielle du chômage et plusieurs réformes visant à prévenir le surendettement et à améliorer l’efficacité de la procédure de traitement des dossiers."
Le surendettement en baisse depuis 2014 en France.
Le surendettement en baisse depuis 2014 en France. © Banque de France

L’endettement global des ménages surendettés s’est établi à 4,9 milliards d’euros en 2021, en recul de 1,2 milliard d'euros par rapport à 2019 (année de référence compte tenu d’une année 2020 atypique). Alors que l'endettement global avait connu une forte hausse dans la première moitié des années 2010 (avec un pic à 8,3 milliards d'euros en 2014), il ne cesse depuis de baisser.

Les femmes restent plus touchées

L’endettement médian hors immobilier (dans ces dossiers de surendettement) s’établit désormais à 16.075 euros par ménage en 2021, en baisse de 3% par rapport à 2020 et de 9% par rapport à 2014.

"La structure de l’endettement est globalement inchangée par rapport à l’année 2020, relève la Banque de France. Toutefois, on observe un tassement de l’endettement financier, avec notamment un recul de la part des dettes immobilières dans l’endettement global (de 34% à 31%). A contrario, les dettes de charges courantes (15%) et les autres dettes (16%) s’accroissent."

Comme constaté les années précédentes, le risque de surendettement apparaît plus élevé pour certaines personnes ou certaines catégories de ménages.

Les femmes seules ou avec un enfant à charge sont encore les plus touchées par le surendettement, malgré la baisse du nombre de dossiers parmi les Français, affirme l'enquête de la Banque de France.

"Le risque de surendettement est plus élevé pour les femmes", constate l'étude.

Elles représentent ainsi 54% des personnes surendettées de 25 à 54 ans. Les rémunérations inférieures à celles des hommes et le statut plus fréquent de cheffe de famille monoparentale sont à même d'expliquer cette différence, avance l'institution.

Les personnes surendettées sont par ailleurs souvent isolées et dans des situations sociales et financières difficiles: plus de la moitié d'entre elles sont séparées, célibataires ou veuves, plus d'un quart sont au chômage.

Le directeur des particuliers de la Banque de France Marc Béguery souligne par ailleurs "une petite hausse des dépôts de dossiers de surendettement des personnes jeunes, dans les tranches d'âges 18-25 ans et 25-32 ans".

Les Hauts-de-France, région la plus concernée

La région la plus touchée est de loin les Hauts-de-France: les cinq départements remontent chacun plus de 250 dossiers pour 100.000 habitants, contre 225 en moyenne en France.

Alors que 1,9 million de personnes sont en situation de grande pauvreté, la CGT s'étonne de ce recul du surendettement.

"Vers qui se tournent ces gens?", s'interroge le délégué syndical de la CGT Banque de France Hugo Coldeboeuf. "Qu'est ce qu'on ne propose pas, quels sont les canaux qu'on n'utilise pas?"

Pour expliquer la baisse du nombre de dossiers, la CGT insiste sur les difficultés d'accès à la constitution de ceux-ci, liés à un manque de communication de la Banque de France et au recul de sa présence sur le terrain.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco