Les chantiers EPR donnent beaucoup de fil à retordre à EDF

L'EPR de Flamanville doit s'ajouter aux deux réacteurs déjà en activité sur le site. (image d'illustration) - Charly Triballeau - AFP
Une facture à 12,4 milliards d’euros. Et dix ans de retard sur le calendrier initial. C’est le bilan du chantier sur le réacteur nucléaire actuellement en construction à Flamanville, dans la Manche, pour remplacer un équipement vieillissant.
1,5 milliard d'euros
Cette semaine, la facture s’est alourdie d’1,5 milliard d’euros. La raison? Il faut utiliser des robots pour réparer les soudures du réacteur nucléaire. Une hausse des coûts était attendue, mais ils "sont légèrement plus élevés" que ce qui avait été anticipé, évaluent les analystes de RBC Capital Markets.
Avant de lancer cette opération, EDF devra d’abord avoir l’aval de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), ce qui attendra 2020. L’autre solution pour EDF serait d’extraire les tuyaux défaillants pour les réparer. Mais cela nécessiterait une année de travaux supplémentaires. Et coûterait 400 millions d’euros.
Le plus inquiétant, c’est que les défauts de soudure ne s’appliquent pas seulement au réacteur en construction: la filiale Framatome a également équipé des réacteurs en fonctionnement. Mais nul besoin de les arrêter, estime EDF. L'ASN tranchera très prochainement.
Le gouvernement a fait savoir cette semaine son mécontentement. Le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, a répondu en nommant un nouveau directeur au projet de Flamanville, Alain Morvan. Insatisfaisant, pour Thierry Raymond, secrétaire syndical central CGT de EDF SA: "Ce n'est pas la première fois que l'on change la tête mais après, est-ce que ce n'est vraiment que la tête qui est défaillante? Le problème est plus profond que ça."
Angleterre
Le groupe connaît aussi des difficultés en Angleterre. Il y construit deux réacteurs EPR, qui coûtent jusqu'à 3,3 milliards d'euros de plus que prévu. De quoi menacer davantage l'équilibre financier de l'entreprise, déjà très lourdement endettée. L’Etat, qui contrôle à 83,5% l’entreprise, réfléchit à sa réorganisation, comme l’investissement dans les énergies renouvelables.