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Les restaurateurs parisiens devront-ils payer pour pouvoir rouvrir les terrasses éphémères?

Terrasses de cafés et restaurants parisiens à Saint-Germain-des-Près pendant la crise sanitaire le 2 juin 2020

Terrasses de cafés et restaurants parisiens à Saint-Germain-des-Près pendant la crise sanitaire le 2 juin 2020 - BERTRAND GUAY

La Mairie de Paris souhaite rétablir les droits de terrasse à compter du 1er juillet et réglementer davantage l'aménagement de ces extensions éphémères.

Dans l’attente d’une possible reprise du service en extérieur à la mi-mai, les restaurateurs se préparent. A Paris, la mairie a récemment entamé les concertations avec les professionnels du secteur et les collectifs de riverains pour étudier les modalités de réouverture.

Au cœur des discussions, les terrasses éphémères. Elles ont vu le jour sur les places de stationnement de la capitale à la sortie du confinement du printemps 2020 pour soutenir les bars et restaurants. Et les règles devraient prochainement évoluer avec un rétablissement en juillet des droits de voirie dont ces extensions sont exonérées jusqu’à la fin du mois de juin.

Nous avons fait un gros effort depuis le début de la crise et les restaurateurs nous ont remerciés pour cette aide qui a permis de les sauver. Mais à partir de juillet, les terrasses et les extensions éphémères seront payantes et les tarifs seront harmonisés", annonce dans Le Parisien Olivia Polski, adjointe chargée du commerce à la mairie de Paris.

Les concertations se poursuivront néanmoins dans les semaines à venir. Le nouveau règlement devrait être voté au Conseil de Paris le 6 juillet.

Les restaurateurs parisiens veulent la gratuité "jusqu'à la fin de la saison"

Cette décision hérisse évidemment les gérants de bars et restaurants. Président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) Paris Ile-de-France, Franck Delvau se dit "surpris" par ces déclarations, lui qui est pourtant en contact régulier avec la municipalité.

A la sortie du confinement, la Mairie de Paris, dans le cadre du plan visant à réduire de 60.000 les places de stationnement, nous a octroyé des terrasses éphémères pour la relance. Ces terrasses étaient offertes et ont perduré tout l’été", rappelle-t-il. Et d’ajouter: "Aujourd’hui, on est en discussion pour pérenniser ces terrasses éphémères et ce qu’on demande, au vu de notre situation (…), c’est qu’elles soient gratuites jusqu’à la fin de la saison, jusqu’au mois d’octobre".

Franck Delvau ne s’avoue pas vaincu et entretient l’espoir de voir la Mairie de Paris faire marche arrière. D’autant que le rétablissement des droits de terrasse avec des modalités de calculs complexes nécessiterait de contrôler minutieusement chaque extension. "Aujourd’hui, c’est simplement déclaratif. Demain (avec le rétablissement des droits de terrasses, ndlr) cela ne pourra plus l’être, cela devra être enregistré. Il y a beaucoup de travail administratif derrière. Je ne vois pas comment ça peut être mis en place au 1er juillet", poursuit-il.

Coup de pouce de 1000 euros de la région

Le rétablissement des droits de terrasses "ne va pas dans le bon sens", regrette également Hubert Jan, président de l’Umih Restauration. Il dénonce les collectivités locales "qui commencent à venir parler de se faire de l’argent sur nous alors qu’on n’a pas encore rouvert".

Mais après avoir participé à plusieurs réunions "avec des grandes métropoles", il assure que le cas parisien ne sera pas la norme. "Ils sont tous partants pour faire les choses dans notre esprit, pour accroître les surfaces (des terrasses, ndlr) et conserver la gratuité", se rassure-t-il.

Sans surprise, l’opposition de droite s’en prend elle aussi à la politique de la majorité.

C’est aussi la responsabilité des communes, des maires, d’essayer d’étendre les terrasses, d’exonérer les restaurateurs des droits de terrasses contrairement à ce que fait la Mairie de Paris qui va asséner un nouveau coup de grâce aux restaurateurs. Il y a la responsabilité des élus pour essayer d’aider à ce que les rassemblements se fassent davantage à l’extérieur qu’à l’Intérieur", a réagi sur BFMTV Robin Reda, député Les Républicains de l’Essonne.

A cet égard, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a annoncé un coup de pouce de 1000 euros destiné à tous les restaurateurs franciliens dès leur réouverture pour leur permettre d’"aménager leurs terrasses" et d’"investir" pour "pouvoir mieux accueillir leurs clients".

Interdiction des palettes et installation de cendriers

Au-delà du rétablissement des droits de voirie, la mairie de Paris souhaite réglementer davantage l’exploitation des terrasses éphémères pour répondre aux attentes des riverains en matière d’esthétisme ou encore de propreté. Parmi les mesures envisagées selon Le Parisien, l’obligation d’installer des cendriers sur pied et l’interdiction des palettes de bois pour fabriquer ces terrasses.

Franck Delvau accueille cette dernière annonce avec quelques réservers. "Il y a des choses qui sont faites avec goût", assure-t-il. Surtout, "comment voulez-vous qu’un petit restaurateur mette 5000 ou 6000 euros pour faire une terrasse? On est bien d’accord sur la nécessité d'avoir un certain esthétisme, mais il faut nous laisser rouvrir en respirant. On ne peut pas nous remettre des normes dès qu’on va rouvrir", met en garde le président de l’Umih Paris-Ile-de-France.

S’agissant des nuisances sonores, Franck Delvau se prononce pour une ouverture des terrasses éphémères jusqu’à 22 heures, comme la règle l’imposait avant la fermeture administrative des bars et restaurants décidée en octobre. Toutefois, il réclame une ouverture jusqu’à 23 heures les vendredis et samedis, tout en se disant favorables à des sanctions pour "ceux qui ne respecteraient pas" ces horaires. Contactée, la Mairie de Paris n'a pas répondu à nos sollications à l'heure où nous écrivons ces lignes.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco